Avez-vous déjà entendu parler de classe «flexible»? Virginie Pirotte, une enseignante de l’école des Lilas à Arlon, raconte comment elle a découvert cette nouveauté. «L’an passé, je travaillais à mi-temps comme enseignante. Le temps que je passais chez moi, je le consacrais en partie aussi à penser à l’école. Un jour, sur Internet, j’ai découvert cette idée de classe flexible. J’ai lu ce que des groupes racontaient à ce propos. Ça m’a donné envie de tenter cette expérience. J’ai donc cherché du matériel de récupération (divan, pouf, coussin…).»

Petit à petit, l’enseignante a organisé la classe pour y placer un divan, des chaises hautes ou basses, des chaises à roulettes, des tapis, des coussins pivotants… Bref, tout un aménagement qui permet de travailler debout, lire allongé par terre, discuter sur un ballon de stabilité… L’idée principale est de permettre à l’enfant de choisir le type de siège qui lui convient le mieux à chaque moment, de manière à bien travailler. «Évidemment, si on fait de la géométrie avec une équerre, pas question d’être assis dans le divan ou par terre. Tout dépend de l’activité. Il y a des chaises en bois et des tables ordinaires et puis, il y a tout le reste. En tout cas, je constatais que, s’ils restaient toute la journée sur une chaise en bois, je devais faire beaucoup de remarques. Ils avaient besoin de bouger. À présent, Ils sont davantage concentrés. Régulièrement, ils changent de place, ça les maintient réveillés. Bien sûr, il n’est pas question de jouer avec les chaises! Il y a des règles.»

Dans cette classe, on peut voir, sous une table, un pédalier ou un grand élastique. Un enfant qui a besoin de «gigoter» avec les pieds en travaillant, peut ainsi le faire facilement. Certains élèves portent un casque antibruit lorsqu’il y a des séances de travail personnel. «J’ai aussi mis en place de la flexibilité dans le travail. Une fois par jour, durant trois quarts d’heure, ils travaillent seuls. Chacun peut choisir la matière à laquelle il veut s’atteler mais il sait que dans 15 jours, il devra avoir réalisé un travail précis en math, en français…».

Y compris avec 19 élèves

Les enfants se sont aussi habitués à se déplacer en chaussettes dans la classe, à laisser leur sac dans le couloir et à n’emporter avec eux que le strict nécessaire dans la classe pour le déposer dans leur casier. Ils se disent ravis. Mais serait-ce possible s’ils étaient plus nombreux?

Oui, selon l’enseignante de 4e et 5e années qui a, elle aussi, adopté cette idée de classe flexible. «Ils sont 19, explique Audrey Kunsch. Et j’observe que cela amène l’enfant, quand il reçoit son travail, à aller s’installer à la place qui lui convient et à s’y mettre. Quand il a terminé, il change à nouveau de place et se remet dans une autre dynamique. Ce mouvement régulier tout au long de la journée fait du bruit au moment du changement mais très vite amène beaucoup plus de calme dans le travail. Comme ils sont 19, j’ai mis en place un tableau sur lequel j’indique chaque jour quels enfants peuvent choisir prioritairement pour chaque changement de place. Ils sont alors les premiers à pouvoir aller s’asseoir où ils le souhaitent. C’est plus cadré, mais ils peuvent bouger.»