Tristan Driessens, vous êtes directeur artistique de ce projet. Le groupe compte 10 musiciens de plusieurs pays. Comment avez-vous allié les musiques du Tibet, d’Irak ou de Syrie, par exemple…?

On a fait des dizaines de concerts et c’est ce qui nous a permis de créer un «son». Amina est le fruit d’un travail qu’on a fait ensemble.

Comment avez-vous composé les morceaux?

On est des musiciens passionnés et on a l’habitude, quand on voyage, de jouer tout le temps. Moi, j’ai retenu des moments, des bouts, des morceaux de ce qu’on jouait comme ça. Avec de très belles idées, des mélanges…

Quel est le sens du mot Amina?

C’est le prénom d’une fille en l’honneur de qui Aman Yusufi, le chanteur afghan, a écrit une chanson.

Le groupe s’appelle Refugees for Refugees. Mais, après deux ou trois ans en Belgique, est-ce que les musiciens n’ont pas envie de retirer cette étiquette de réfugiés pour être reconnus simplement comme musiciens?

C’est en effet un message qu’on a à cœur de véhiculer. On s’en fout si on est réfugiés ou pas. Nous, on se côtoie en tant que musiciens, amis, et c’est ce qui prime. Après, le nom existe, mais c’est comme une marque, c’est difficile d’en changer. Et puis, un certain pourcentage de l’argent récolté par la vente du CD revient à une association qui aide les réfugiés. Donc, ça a du sens.

Tareq, joueur de oud syrien

Tareq Alsayed, vous venez d’Alep. Vous étiez musicien en Syrie?

Oui, je vivais de la musique. Je faisais partie de trois groupes et j’enseignais le oud (un instrument à cordes).

Et ici?

Je n’ai jamais arrêté de faire de la musique. Je joue dans d’autres groupes, j’ai bien donné 200 concerts depuis mon arrivée ici il y a 5 ans.

C’est facile de jouer avec des musiciens d’autres pays?

Au début, il y a des différences de mentalités, de styles, de sons, de rythmes… Et on n’a pas tous la même échelle. Certains ont un système pentatonique (avec cinq hauteurs de ton différentes) alors que d’autres utilisent un système heptatonique (à sept niveaux: c’est notre système: do-ré-mi-fa-sol-la-si). Mais après trois années, on arrive à jouer ensemble, à combiner les échelles, à associer les instruments et les sons.

Qu’espérez-vous, avec ce deuxième album?

Beaucoup de concerts! À la sortie du premier album, on pensait jouer seulement deux ou trois concerts. On en a fait des dizaines. Maintenant, on a déjà une vingtaine de dates programmées, et j’en espère plus encore!