Cela fait huit ans que le peuple syrien s’est révolté. Mi-mars 2011, des jeunes ont écrit sur un mur: «le peuple veut la chute du régime». Ils ont été arrêtés violemment par les forces de l’ordre. Dans de nombreuses villes, des manifestants ont réclamé la fin du pouvoir autoritaire du président Bachar el-Assad.

Le pays a sombré dans la guerre. Et Daesh (État islamique), un groupe armé islamiste (aux idées religieuses extrémistes, radicales), notamment, en a profité pour occuper la région et créer la terreur. Actuellement, Daesh n’a plus sous son contrôle qu’un minuscule territoire dans l’est du pays, dans le village de Baghouz, proche de l’Irak. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) combattent les derniers djihadistes (soldats de Daesh) avec l’aide de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Et les enfants durant ces huit ans de guerre?

L’Unicef (fonds des Nations unies pour l’enfance) lance un appel à la protection des enfants. «Depuis le début de la guerre en Syrie, explique Geert Cappelaere, cinq millions d’enfants sont nés. Quatre millions sont nés sur le sol syrien et un million dans les pays voisins (Jordanie, Liban, Turquie et Irak). Cela veut dire que ces enfants n’ont connu que la guerre depuis leur naissance. Pour ceux qui sont nés en dehors de la Syrie, un problème supplémentaire se pose car beaucoup n’ont pas été déclarés (inscrits dans un registre de population) et n’ont obtenu aucune nationalité. Il y a un risque très important pour eux de devenir des enfants apatrides (ils seront alors partout des étrangers).»

Parmi les enfants syriens, il y a aussi des enfants qui ont vécu sur des territoires conquis par Daesh. «Quand ces territoires ont été récupérés, beaucoup de ces enfants ont été envoyés dans des camps au nord-est du pays. La plupart sont Syriens et Irakiens, mais on estime qu’il y a aussi un groupe de 3 000 enfants de plus de 40 nationalités différentes. Mais il faut qu’on soit clair, ces enfants ne sont voulus nulle part. Dans les camps, les autres réfugiés les perçoivent comme faisant partie de Daesh. Peu de pays dont ils sont originaires veulent d’eux. Mais pour les États qui auront le courage d’accueillir ces enfants, l’Unicef est tout prêt à les aider et à les soutenir. Parmi ces enfants, 6 sur 10 ont moins de cinq ans. Ce sont d’abord des enfants. Et le fait qu’on les qualifie d’enfants terroristes ou d’enfants radicalisés n’est pas juste. Ce sont avant tout des enfants, quel que soit leur âge, qui ont subi des situations très dures. Il est important qu’il y ait une volonté politique (que les gouvernements décident) de les réintégrer. On doit rendre à ces enfants leur enfance en leur permettant d’aller à l’école, de jouer avec leurs amis…»

Des solutions durables

L’Unicef appelle aussi à des solutions durables pour tous les enfants. «Pour le moment, il n’y a pas de solution politique au conflit, explique Geert Cappelaere. Est-ce que tous les réfugiés vont un jour retourner en Syrie? Je pense qu’une partie le fera mais pas tous. Donc, il va falloir trouver des solutions durables dans les pays voisins. Il est très important de travailler en Syrie aux conditions pour un retour éventuel de ces réfugiés. Les parents réfugiés espèrent qu’en rentrant en Syrie, leur enfant aura accès à l’école. Aujourd’hui, malheureusement, au moins un tiers des écoles ont été détruites.»