Esma est arrivé en Belgique il y a deux ans. Il avait alors parcouru des milliers de kilomètres.

«Quand je suis arrivé en Belgique, je suis d’abord allé un mois dans un centre pour MENA (mineurs non accompagnés, c’est-à-dire des jeunes de moins de 18 ans qui arrivent seuls dans le pays). Puis j’ai été transféré dans un autre centre à Jodoigne où je suis resté 16 mois avant d’aller à Chaumont-Gistoux. C’est là que j’ai eu mes 18 ans.»

Quand un jeune comme Esma est signalé sur le territoire belge, il se voit désigner un tuteur ou une tutrice. Cette personne est chargée de le soutenir dans tous les aspects de sa vie, y compris quand il doit répondre aux questions du CGRA (Commissariat général aux réfugiés et apatrides) et qu’il doit expliquer les raisons pour lesquelles il est venu en Belgique. Ce tuteur est aussi là pour discuter avec son enseignant(e), rencontrer éventuellement son entraîneur de sport… Il a un rôle de protection envers le jeune jusqu’au moment où celui-ci a 18 ans.

«Quand j’ai eu 18 ans, ma tutrice m’a conseillé d’aller dans une famille pour améliorer mon français. Je suis dans cette famille depuis cinq mois. Je vais également dans un CFA (centre de formation en alternance) pour suivre des cours d’électricité. Cela me plaît vraiment beaucoup! Chaque semaine, je vais en classe deux jours puis je travaille chez un patron durant trois jours.»

Les langues

Esma explique les difficultés de l’apprentissage du français. «En fait, c’est vraiment utile, quand on arrive dans une classe, de recevoir l’aide des autres élèves. Car lorsque l’on ne parle pas la langue, tout est compliqué au début. Je me souviens d’un élève, Jordan, qui m’a vraiment expliqué les choses. Puis j’ai eu le soutien de mes professeurs.»

Esma est débrouillard. «J’ai vécu un an en Norvège, avant de venir en Belgique. J’y ai appris la langue. Je connais d’ailleurs aussi l’anglais, les langues de mon pays (le pachtoune et le dari), l’hindi (la langue de l’Inde) et, à présent, le français.»

Tant de différences!

Esma rigole quand on lui demande quelles différences il voit entre la Belgique et l’Afghanistan (État d’Asie centrale).

«Tout est différent! D’abord parce que mon pays connaît la guerre depuis 30 ans. Et puis en Belgique, les enfants vont à l’école dès l’âge de 3 ans. Chez nous, ce n’est pas le cas. Il n’y a pas d’école. On ne doit pas se lever tôt ni rester durant une journée assis sur une chaise. »

Une autorisation de séjour

Le CGRA a donné à Esma le statut de protection subsidiaire, cela veut dire qu’il a une autorisation de séjour d’une durée d’un an.

La commune où Esma vit, Ottignies, peut renouveler cette autorisation ensuite à chaque fois pour une période de deux ans.

«Je veux vivre ici et je connais déjà beaucoup de choses. J’ai aussi des contacts avec d’autres Afghans ici en Belgique. Et puis, je peux appeler ma maman par téléphone, en Afghanistan.»

Il a aussi le soutien de sa famille d’accueil. Annick, la maman, l’aide pour les démarches. «Il se débrouille beaucoup mais ça a plus de poids quand un adulte est là.»

Esma est déjà fort indépendant, il a un peu d’argent du CPAS (centre public d’action sociale) et de son patron.

«À 14 ans, conclut Annick, sa famille lui a donné la responsabilité de se débrouiller pour avoir une meilleure vie. Esma a dû traverser tant de pays sans ses conseils. Ça l’a fait grandir très vite.»