Pour Philippine, cinq planches, trois seaux et un peu de sciure (des petits copeaux de bois), c’est tout ce qu’il faut pour construire ses propres toilettes! Philippine Terlinden est institutrice maternelle à l’Institut de l’Assomption à Watermael-Boitsfort (Bruxelles).

Il y a trois ans, l’école devait changer ses toilettes. Mais, comme ce sont des travaux qui demandent beaucoup d’argent, Philippine a proposé de construire des toilettes sèches, très peu coûteuses.

Faire caca dans un seau?

Voilà le principe: au fond des toilettes, un simple seau. Quand on a fini sa petite ou sa grosse commission, au lieu de tirer la chasse d’eau, on dépose un peu de sciure par-dessus pour recouvrir son affaire. Et voilà, le tour est joué! Quelle drôle d’idée, non?

En fait, les toilettes sèches ont plein d’avantages. En dehors de leur faible coût, elles sont très hygiéniques. «Plus que les toilettes normales, même, ajoute Philippine, puisque quand on tire la chasse d’eau, des petites bactéries (une sorte de microbes) peuvent s’échapper et venir se déposer autour de la cuvette

Enfin, ce sont également les toilettes écologiques par excellence. Au lieu de gaspiller de l’eau (plus ou moins 9 litres à chaque fois qu’on tire la chasse!), on recycle de la sciure de bois. Le mélange qu’on aura au fond du seau pourra ensuite être placé dans un compost.

Le cycle de la vie

Le compost est un espace où l’on va stocker tous nos déchets organiques (d’origine naturelle). Une fois qu’ils se seront décomposés, ils formeront une sorte de terreau avec lequel il sera possible de nourrir les plantes.

Et ça tombe bien, parce qu’à l’Institut de l’Assomption, il y a une serre et un potager dans la cour de récré, et un autre dans le champ d’à côté. Pour le moment, le contenu des toilettes sèches n’est pas utilisé pour le jardinage, car il lui faut du temps pour se décomposer. Mais dans un an, il sera possible de nourrir le potager avec cet engrais naturel.

Cerise sur le gâteau, les toilettes sèches ne sentent pas mauvais. La sciure et les excréments (le pipi et le caca) forment un mélange qui bloque les mauvaises odeurs. Du coup, même si les toilettes sont en classe, on ne sent absolument rien.

«Les enfants se sont habitués à ce système», assure Philippine. «Et on utilise déjà du fumier de cheval dans le potager. Ils savent que c’est très bon pour nourrir les plantes

Une école écolo

Pour Philippine, il est important que les enfants aient un contact avec la nature. Ils mangent tomates, fraises et framboises qu’ils ont eux-mêmes cultivées, vont changer la litière du mouton dans le champ d’à côté… Et, quand il y a une sortie scolaire, c’est à la Ferme du Monceau, où ils peuvent traire les vaches, ramasser des œufs et s’occuper des lapins.

L’écologie passe par des petits gestes: utiliser une gourde au lieu d’une bouteille en plastique, manger des fruits et des légumes pour le goûter… Aujourd’hui, même la femme de ménage fabrique ses propres produits d’entretien naturels.

Bientôt, l’école organisera des ateliers scientifiques pour que les enfants comprennent ce qu’ils vivent déjà au quotidien. «Toutes ces actions, c’est comme les pièces d’un puzzle qui se mettent en place», conclut Philippine.