Cela fait huit mois que les tensions grandissent entre la France et l’Italie. Pour la première fois depuis 1940, Paris a rappelé, le 7 février, son ambassadeur en Italie. Un ambassadeur est le représentant d’un pays dans un autre pays. Que la France décide de retirer son représentant en Italie est donc symboliquement le signe de mauvaises relations avec l’Italie.

Que s’est-il passé pour en arriver là?

En mars 2018, des élections en Italie mettent au pouvoir un gouvernement qui réunit le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue, un parti d’extrême droite (raciste, clairement anti-immigrés et antieuropéen). Le nouveau gouvernement annonce vouloir ne pas tenir de certaines décisions européennes, augmenter la sécurité, réduire les frais liés à l’accueil des demandeurs d’asile. En cinq ans, le pays a accueilli 690 000 migrants. Tous les partis arrivés en tête lors de ces élections accusent l’Europe d’avoir laissé l’Italie gérer (organiser) seule cette arrivée.

Les migrants qui traversent la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe font route vers l’Italie, l’une des principales portes d’entrée dans l’Union.

Le nouveau gouvernement italien durcit le ton. En juin 2018, il refuse d’accueillir le navire Aquarius qui s’est retrouvé bloqué en mer Méditerranée. À son bord, il y a 630 migrants. C’est finalement l’Espagne qui les accueillera.

Le président français, Emmanuel Macron, dénonce «l’irresponsabilité» du gouvernement italien.

Les échanges verbaux se multiplient, les responsables politiques se critiquent sans retenue. En octobre dernier, dans un clip français appelant les citoyens à voter aux élections européennes de mai 2019, Matteo Salvini, le ministre italien chargé de la sécurité, patron de la Ligue est présenté comme un danger. Il réagit, dénonce ce clip, estimant que «Macron et ses amis doivent avoir très peur».

En janvier, Luigi Di Maio, l’autre homme fort du gouvernement italien, rencontre des représentants des gilets jaunes en France (voir encadré En bref dans cette page). Matteo Salvini ajoute bientôt qu’il espère que le peuple français se libérera d’un «très mauvais président». D’autres incidents conduisent finalement la France à rappeler son ambassadeur.

Et maintenant?

On sent que les élections européennes arrivent. L’Italie et la France ne sont pas dans le même camp. Celui de l’Italie compte aussi la Hongrie, la Pologne, l’Autriche… où des décideurs déclarent que leur pays et ses habitants sont beaucoup plus importants que les autres. La montée du nationalisme et de l’extrême droite inquiète.