Depuis des semaines, des milliers de migrants (personnes qui quittent leur pays pour aller vivre ailleurs) sont bloqués à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Durant quatre jours, une délégation (des représentants) d’Amnesty international (une association qui défend les droits de l’homme) a sillonné cette frontière pour évaluer la situation de ces migrants. Philippe Hensmans, qui dirige la section (partie) belge francophone d’Amnesty international, faisait partie de cette délégation. Il a répondu à nos questions.

D’où viennent ces migrants?

Beaucoup viennent du Salvador, du Guatemala ou du Honduras, des pays d’Amérique centrale qui figurent parmi les pays les plus violents et dangereux du monde. Des familles entières, des hommes, des femmes, des enfants (certains sont seuls) fuient ces pays dans l’espoir de s’installer aux États-Unis pour trouver une vie meilleure. Ils voyagent souvent en caravane (à beaucoup ensemble) pour être plus forts face aux dangers du voyage.

Que se passe-t-il pour ces migrants quand ils arrivent à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, puisque celle-ci est fermée et gardée?

Beaucoup essaient de se présenter à l’un des rares points d’entrée sur le territoire américain pour s’inscrire comme demandeurs d’asile (personnes étrangères qui demandent à être accueillies) aux États-Unis. Normalement, cette demande suffit à les faire entrer sur le territoire américain. Mais la procédure est longue, les personnes qui veulent demander l’asile aux États-Unis doivent s’inscrire sur une liste d’attente qui est gérée, non pas par les autorités mexicaines ou américaines, mais par les migrants eux-mêmes! De plus, les officiels, présents aux points d’entrée aux États-Unis, essaient de décourager les migrants de demander l’asile aux États-Unis. Ceux qui parviennent malgré tout à demander l’asile et à entrer aux États-Unis sont enfermés dans des centres qui fonctionnent comme des prisons. Toutes ces pratiques sont contraires au droit international et aux droits humains.

Que deviennent les migrants qui sont bloqués au Mexique?

Le Mexique leur délivre une sorte de visa humanitaire (sorte d’autorisation pour rester un certain temps au Mexique) mais le pays n’a pas de vraie politique d’accueil. Certains sont accueillis dans des refuges tenus par des bénévoles (volontaires) mais beaucoup doivent se débrouiller par eux-mêmes. On ne sait pas où ils sont, comment ils vivent… Or, le Mexique n’est pas un pays sûr. Des trafiquants, des bandes criminelles menacent les migrants, y compris jusque dans les refuges.

La situation des migrants à la frontière mexicaine risque encore de s’aggraver car une caravane de 12 000 personnes est en route. Et puis, les États-Unis ont commencé à renvoyer au Mexique les migrants demandeurs d’asile présents sur le sol américain, le temps qu’une décision soit prise à leur sujet. Ça aussi, c’est contraire au droit international.

L’inaction des autorités mexicaines et américaines face à ces migrants les met en danger. Ils subissent des violences, ont du mal à vivre, à se soigner, à faire valoir leurs droits… Les États-Unis qui comptent 320 millions d’habitants pourraient facilement accueillir ces quelques milliers de migrants.