Yasmina, 11 ans, vit en ville, avec son papa, au 5e étage d’un immeuble. Elle adore cuisiner. Elle cherche des recettes, imagine des plats mais surtout tente de trouver des légumes et des fruits pas chers. Car l’argent manque.

Wauter Mannaert est l’auteur de cette BD. Il en a fait le texte et les dessins. «Je voulais montrer comment on trouve aujourd’hui de la nourriture en accès direct, sans magasin. Je me suis inspiré de cette idée de potagers en ville et sur les toits. Je vois ça partout, à Bruxelles, car c’est là que je vis. Je vois vraiment cette idée de manger local (des légumes cultivés près de chez soi) et bio. »

Yasmina est en contact avec des gens qui font un potager.

Certains le font avec des pesticides (des produits chimiques qui servent à lutter contre les mauvaises herbes, les insectes qui attaquent les cultures) et d’autres pas. Comme auteur, je ne voulais pas juger cela. C’est superdélicat. Je suis moi-même végétarien, je joue un peu aussi avec ça dans l’album. Il y a des remarques comme: «pourquoi tu ne manges pas de la viande?» Mais je ne voulais pas juger. Le but de cet album était de se poser la question d’où vient la nourriture et comment nourrir 10 milliards de personnes en 2050.

Mais il y a un «grand méchant» dans cet album… qui veut créer des chips industrielles particulières.

Oui et il s’en fiche de la santé, il veut juste gagner de l’argent et transformer les gens. Et ça existe déjà avec les OGM, les organismes génétiquement modifiés. On transforme les êtres vivants (plantes, animaux…), on change leurs caractéristiques naturelles en laboratoire. C’est un truc qui fait peur.

Dans l’album, Yasmina se rend compte que même son père a fini par manger ces chips et qu’il a un comportement bizarre.

On est très proche de la potion magique, telle qu’on la connaît dans les histoires d’Astérix et Obélix. Yasmina va trouver elle aussi sa potion pour gérer ce problème-là.

Êtes-vous un auteur gourmand ou inquiet ?

Les deux! (Rires) Je ne suis pas très fort en culture ni en cuisine. Mais je m’interroge sur ce que je vois sur les étiquettes des produits. J’ai envie de poser des questions. Certains disent que la technologie va nous apporter des solutions. D’autres pensent qu’il y aurait moyen de nourrir tout le monde avec des fermes urbaines (en ville). Il y a sûrement de bons arguments des deux côtés. Il faut avoir ces discussions mais il ne faut pas que les grandes entreprises prennent la décision pour nous.

Cet album a un dessin original.

J’ai étudié le dessin animé. Je «promène donc ma caméra» quand je dessine. Ce n’était pas facile, mais j’ai décidé de laisser tomber le bord des cases. Cet album reçoit un très bon accueil. Je suis déjà occupé à imaginer la suite pour Yasmina. Cette fille a d’autres aventures à vivre!

Yasmina et les Mangeurs de patates, Wauter Mannaert, éd. Dargaud