Foulard scout autour du cou, Félix et Louis, 12 ans, sont dans le train pour Bruxelles. «On a déjà manifesté pour le climat le 2 décembre», annoncent-ils. Mais qu’est-ce qui les pousse à passer un dimanche à marcher sous la pluie à Bruxelles? «On ne peut pas continuer à vivre comme ça, répond Félix. Il y a des problèmes d’écologie. Il y a trop de pollution.» Louis enchaîne: «Les politiques ne mettent pas assez de choses en place. La ministre Marghem dit qu’elle va mettre des coachs climat mais ça ne suffit pas. Il faut agir

Agir, oui, mais comment? Louis explique: «On a fait un panneau ‘Pas de transition écologique sans justice fiscale’. On fait des cadeaux fiscaux aux grandes multinationales comme Mondelez, Unilever, Coca-Cola: les grandes entreprises paient moins d’impôts et plein de petits magasins ont des difficultés! Les grandes entreprises devraient payer plus d’impôts et cet argent pourrait aider à mettre des choses en place, comme payer des vélos électriques pour tout le monde

Félix approuve: «Oui, en plus, ces grands groupes sont ceux qui polluent beaucoup. Et on fait venir leurs produits de loin, c’est polluant.» Louis surenchérit: «C’est comme Amazon. Tu commandes une paire de ciseaux sur Amazon, ils viennent du bout du monde en avion! Juste pour une paire de ciseaux!»

Louis en profite pour glisser une autre idée: « Il faudrait faire payer les petits voyages en avion plus cher. C’est pas normal qu’un petit voyage vers Barcelone coûte 35€ alors que ça pollue énormément.»

Félix et Louis expliquent qu’ils essaient de faire attention à tout ça dans leur vie quotidienne, même si ça leur arrive parfois de boire un Coca. Ils essaient de réduire leurs déchets, ils circulent en vélo électrique en famille… Autour d’eux, beaucoup de copains se fichent de tout ça et viennent chaque jour avec des tartines emballées dans du papier alu. Les garçons ont l’impression que les politiques, eux non plus, ne sont pas assez conscients des problèmes. Louis: «Ils disent qu’ils y pensent mais ils pensent surtout à la croissance des entreprises. Pourtant, il faut vraiment agir d’urgence

1 Terre, 1 chance

Louis et Félix nous quittent pour manifester. Nous croisons beaucoup d’autres enfants dans le cortège. Iourek, 10 ans, explique ce qui le motive à être là: «Il y a trop de pollution et il y aura des inondations dans plein de pays.» À côté de lui, Théodore, 6 ans, se déclare futur ministre de l’Écologie: «J’interdirai tout transport qui pollue et les produits chimiques qu’on met sur les légumes ».

Anceline, 10 ans, est là avec sa famille: «C’est marraine qui a eu l’idée de venir et j’étais d’accord. Je veux qu’on pollue moins. Il faut continuer à trier, réparer, manger du local… Sur ma pancarte, j’ai écrit ‘1 Terre : 1 chance’ parce qu’on n’a qu’une Terre.’»

Benjamin, 8 ans, a préféré insister sur l’urgence. Sur sa pancarte de carton, il a écrit: ‘Maintenant, pas dans 10 ans’ . Un sentiment d’urgence qu’on a beaucoup vu et entendu dans la manifestation.