C’est au club de Nivelles (Brabant wallon) qu’Abdellatif s’entraîne ce soir-là. Ce jeune sportif arrive détendu, visiblement heureux. Il y a quatre ans, il a eu l’occasion de monter sur un tatami pour la première fois. «Je m’en souviens, j’étais stressé. Mais dès que l’entraînement a commencé, j’ai adoré car le ju-jitsu, ce n’est pas seulement du judo ou du karaté, c’est tout cela mélangé. J’ai beaucoup d’énergie, j’ai donc besoin de mouvements. Mais le ju-jitsu, ce n’est pas un sport où on apprend juste à frapper. On apprend aussi la maîtrise de soi et le respect des autres, l’écoute également de tous les conseils que l’on nous donne. Cela devient donc un état d’esprit. J’ai appris à me ’défendre’, en m’exprimant, en disant ce qui n’allait pas. Je me mets moins vite en colère, j’ai une plus grande maîtrise personnelle. Ça a vraiment changé mon comportement.»

L’enseignement est donné par un maître, quel rôle joue-t-il ?

Si mon maître n’avait pas été là, je ne serais pas ici. Je n’aurais pas non plus été classé 3e au championnat du monde et au championnat d’Europe. Je le remercie beaucoup! Sans lui, je n’aurais pas tout appris. Mais il est là aussi pour nous soutenir dans les moments de découragement. On a tous des moments où on a envie de tout arrêter. Mes parents et mes amis aussi m’encouragent. J’ai triplé mes entraînements, j’ai fait des efforts mais ma famille aussi. On n’est pas allés en vacances pour moi, car il fallait payer les déplacements et les séjours lors des championnats. Mon père m’accompagne parfois mais je le fais souvent seul. J’aimerais trouver des sponsors pour aider mes parents.

Comment t’entraînes-tu?

Avant une compétition, je m’entraîne davantage. Je fais alors deux heures tous les jours. Je vais à l’école à Mons et, après les cours, je vais à l’entraînement. Deux fois par semaine, c’est à Nivelles mais je vais aussi à Bruxelles pour apprendre le ju-jitsu brésilien et à Liège. Si je fais cela, ce n’est pas que mon maître ‘manque de quelque chose’ mais je pense que c’est bien de voir d’autres styles. Certains sont plus karaté, d’autres plus judo. Le style brésilien est un style de combat réalisé au sol.

Quels sont tes objectifs?

J’ai obtenu ces médailles (de bronze) mais j’aimerais dire que dans mon club, d’autres en ont aussi obtenu. Ma prochaine compétition, ce sera en France, à Orléans, dans un mois. J’irai pour progresser. Un combat dure trois minutes. Lors du championnat du monde en Grèce, j’en ai fait sept sur une journée. Les points, on les obtient en touchant l’autre sur le torse et la tête. Si on touche correctement, on obtient deux points. Si on le touche de façon brouillonne, ce sera un point. Chaque point est comptabilisé. Mais si on réussit à plaquer l’adversaire dos contre le sol immobile durant 15 secondes, c’est la victoire totale, même s’il reste du temps.