Il y a trois ans, à Paris, un accord mondial sur le climat a été adopté par 195 pays. C’était la COP21 (conférence mondiale sur le climat n°21). L’accord disait qu’il fallait prendre des mesures pour contenir le réchauffement climatique sous les 2°C. Trois ans plus tard, où en est-on? La COP24 en Pologne fera le point et devra adopter un ensemble de décisions garantissant la pleine application de l’accord de Paris.

Le 2 décembre, à Bruxelles, une grande manifestation aura lieu. Le but? Réclamer qu’un maximum soit fait pour ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement climatique, comme le conseillent les scientifiques.

Jean-Pascal van Ypersele est un climatologue belge. Il a été le vice-président du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts du climat). Bo, 13 ans, l’a rencontré lors d’une manifestation pour le climat début novembre. Il lui a posé quelques questions.

À quoi va ressembler ma vie quand je serai adulte?

Jean-Pascal van Ypersele:

Ce que je sais, c’est que d’ici une bonne dizaine d’années, vers 2030, le climat se sera très probablement encore réchauffé d’un cinquième de degré Celsius, peut-être plus. Si on continue à ne presque rien faire, on risque de dépasser entre 2030 et 2050 le réchauffement de 1,5°C dont parlait le dernier rapport du GIEC. Cela veut dire que tu vivras de plus en plus souvent des étés très secs et très chauds comme celui que nous venons d’avoir. Les agriculteurs vont avoir du mal à produire de la nourriture, les personnes plus fragiles vont avoir du mal à respirer et à se déplacer. Je te souhaite d’être en bonne santé, car des maladies que l’on voit relativement peu aujourd’hui vont devenir plus fréquentes, comme la maladie de Lyme, ou le virus du Nil occidental. Certains animaux vont souffrir, la nature et les forêts aussi.

Qu’est-ce qu’on fait de mal aujourd’hui pour provoquer un tel problème?

Nous consommons de plus en plus d’énergie, de gadgets, de voyages en avion, et, la plupart du temps, cela veut dire brûler du pétrole, du gaz, du charbon ou du bois (oui, le bois pollue aussi!). Cette combustion dégage du CO2 et ce gaz invisible joue le même rôle que celui d’une couche isolante autour de la Terre. Chaque Belge émet en moyenne une dizaine de tonnes de CO2 chaque année, soit plus de 25 kg/jour.

Est-ce toujours possible d’éviter tout cela? Qui peut vraiment changer les choses?

Oui, c’est possible, au moins d’éviter la partie la plus grave de l’évolution en cours. Comme le dernier rapport du GIEC l’a montré, l’humanité a le choix. Tu as le choix, nous avons le choix. L’humanité peut continuer comme elle a toujours fait, en consommant toujours plus et n’importe comment. Ou bien elle peut décider, nous pouvons décider, de changer, pour arriver le plus vite possible (avant 2050, quand tu auras 45 ans) à cesser de remplir l’atmosphère avec nos gaz polluants! Nous pouvons par exemple décider de manger moins de viande et de produits animaux, faire le choix de prendre le train ou le vélo, ou de demander à un expert énergétique de nous conseiller pour devoir chauffer moins, et plus proprement (parles-en à tes parents!), réserver les voyages en avion aux grandes occasions…