Il est 8 h du matin quand Murielle arrive ce mardi-là à l’abri de jour de la Croix-Rouge à Jambes. Elle commence par préparer le café.

Dans le local, les étagères sont garnies de produits de première nécessité (savon, dentifrice, shampooing, pâtes, conserves…). Ces provisions sont destinées aux personnes qui passeront dans l’abri de jour. Pour la plupart, il s’agit d’hommes sans abri ou en grande précarité (peu d’argent, difficultés de santé).

«Beaucoup de personnes SDF (sans domicile fixe) vivent en campement, dans des tentes, dans les environs de Namur. Ici, elles peuvent recevoir des aliments à consommer directement ou à réchauffer.»

Les premières personnes arrivent. L’ambiance est chaleureuse. Chacun peut s’installer devant un café et une brioche (une boulangerie donne à la Croix-Rouge ses invendus de la veille).

Davantage de jeunes

Parmi ces personnes sans abri, il y a malheureusement de plus en plus de jeunes. En fin de parcours scolaire, n’ayant pas de famille ou d’entourage pour les aider le temps de trouver un emploi, ils se sont retrouvés dans la rue. Plusieurs personnes ont aussi des soucis psychiatriques (liés à une maladie mentale). «On se rend compte aussi que c’est parfois un divorce, une déprime ou la perte d’un travail, qui amène quelqu’un à se retrouver dans la rue. Quand on côtoie les personnes sans abri, on devient plus tolérant (plus ouvert, plus compréhensif).»

La matinée avance. Des personnes arrivent avec des sacs de linge. Chacun peut faire laver des vêtements pour une somme modique (très faible). Il y a plusieurs machines et sèche-linge dans la buanderie. Le service est assuré par des bénévoles de la Croix-Rouge.

Murielle sert du potage, que Pierre, un autre bénévole, est allé chercher au Resto du Cœur de Namur. À l’étage, il y a des piles de linge. Tout cela a été donné à la Maison Croix-Rouge à Saint-Servais.

L’abri de jour ouvre de 8 h à 12h, toute l’année. Il n’y a pas plus de personnes quand il fait froid. Les personnes sans abri vivent la même réalité toute l’année.

Un accueil inconditionnel

«Notre réflexe, quand on voit des gens dans la rue, c’est de les ignorer car on croit qu’ils vont demander de l’argent. Ce n’est pas toujours le cas. Ce qu’ils veulent souvent, c’est parler. Ici, l’accueil est inconditionnel, tout le monde peut venir dans l’état dans lequel il est. Les gens ont d’autres besoins que ceux que l’on croyait au départ. Le contact social est très important pour tout le monde. Et l’on reçoit beaucoup en aidant.»