La 11e Route du Rhum sera lancée ce 4 novembre à Saint-Malo, en France. Les 124 voiliers qui prendront le départ, devront arriver le plus vite possible de l’autre côté de l’océan Atlantique, à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette course transatlantique (qui traverse l’Atlantique) s’effectue en solitaire (seul).

Parmi les skippers (capitaines de voilier) au départ, il y a un Belge de 38 ans, Jonas Gerckens. Il participe pour la première fois à la Route du Rhum dans la catégorie des monocoques (voiliers à une coque) Class40. Nous lui avons posé quelques questions.

Quels sont vos objectifs (buts) pour cette Route du Rhum?

Le premier objectif est déjà atteint puisque j’ai réussi à me qualifier pour la Route du Rhum. Le deuxième but est de passer la ligne d’arrivée, le troisième, de battre le meilleur score belge (14e en 2014) et le dernier, est de réussir à rentrer dans le top 10 dans ma catégorie (sur 53 bateaux au départ). Cela voudra dire que je suis dans le top 10 mondial et c’est plutôt cool.

Comment se prépare-t-on à être seul sur l’océan?

La Route du Rhum est un rêve de gosse mais ce n’est pas ma première course en solitaire. La préparation dure plusieurs années et elle est intense. On travaille sur l’eau avec un coach (entraîneur) pour améliorer la vitesse du bateau, apprendre les réglages et les manœuvres. On suit des formations sur la météo, le sommeil, la nutrition (la façon de se nourrir). On participe à des stages de survie, de premiers secours et de réparations pour être capables de se débrouiller seuls si on a un souci au milieu de l’Atlantique. Pour tout cela, je suis épaulé par une équipe de plusieurs personnes.

Comment manœuvre-t-on seul un voilier long de 12 m?

Pour bien manœuvrer seul, il faut enchaîner les manœuvres pour bien les connaître. On doit également bien régler le pilote automatique (système qui contrôle la barre quand le marin ne pilote pas). C’est lui qui sera enclenché quand je vais dormir, me faire à manger, manœuvrer ou analyser la météo. Arrivés dans le top mondial, les meilleurs font tous avancer vite et bien leur bateau. Pour faire la différence, il faut: un, une bonne connaissance des systèmes météorologiques pour choisir la meilleure trajectoire (route) et éviter les grosses tempêtes et deux, se connaître soi-même pour gérer correctement le mental et le sommeil. Par exemple, en 24 heures, je dormirai 5 heures en tout par tranches de 20-30 minutes maximum. Je ne peux pas laisser plus de 20-30 minutes le bateau piloter seul pour une question de sécurité (s’il y a un cargo ou un bateau de pêche sur ma route) et de performances (résultats). Si le vent change en force et en direction, je dois changer les réglages de mes voiles.

Certains aspects d’une course en solitaire vous font-ils peur?

Je me sens bien en mer mais il faut rester humble face à l’océan et la nature. Le plus grand danger, particulièrement en solitaire, est de tomber à l’eau. On n’a presque aucune chance de s’en sortir vivant. C’est pour ça qu’on accorde une grande importance à la sécurité, qu’on s’attache avec un harnais au bateau et qu’on «écoute» bien ses sensations et la nature.

Quelles sont les caractéristiques de votre bateau?

Mon bateau a été mis à l’eau la première fois en 2011. Il a été mené par différents skippers mais le dernier l’a abandonné en 2014 en mauvais état. Avec mon équipe, on a fait un super boulot pour le réparer. Je l’ai rebaptisé «Oufti» (tous les bateaux ont un nom). C’est un super bateau mais il est moins performant que les dernières générations de 2017-2018.

Pourquoi vous lancez-vous dans une course en solitaire?

J’aime relever des défis hors normes. J’aime également le dépassement de soi que demande la course au large en solitaire et aussi le fait qu’on ne peut attribuer la réussite ou l’échec qu’à soi-même. En dehors de ces aspects de compétition, j’aime la communion avec la nature, la rencontre avec les dauphins ou les baleines, les levers et couchers de soleil, les ciels blancs tellement les étoiles sont présentes. En mer, on n’a pas la lumière artificielle des villes qui empêche de voir les étoiles.

Bon vent Jonas!

On peut suivre la course de Jonas via son site:

www.sailing-jonas.com