Jaunes, oranges, verts ou bleus, avec de grandes dents et des yeux globuleux (gonflés), souvent débiles et toujours affamés, ce sont les blorks. Ces monstres de jeu vidéo apparaissent dans l’univers de Kid Paddle. Et malgré leur rôle de méchants, on ne peut pas s’empêcher de les trouver sympathiques.

Une exposition dédiée aux blorks

Depuis le 8 septembre, les œuvres de Michel Ledent, dit Midam, sont exposées à la galerie Huberty & Breyne de Bruxelles (Place du Châtelain). Le créateur des séries Kid Paddle et Game Over nous présente son exposition «New-Blork City». À découvrir: de nombreuses peintures grand format représentant des blorks divers et variés, mais aussi une quarantaine de planches (les pages d’une bande dessinée) et d’illustrations originales (avant la version finale, c’est la feuille sur laquelle travaille l’auteur).

Les peintures de blorks sont magnifiques et il est possible de lire les albums de Kid Paddle et de Game Over mis à disposition. Midam a aussi dessiné des petits gags un peu partout sur les murs de la galerie, à l’aide d’une encre invisible que l’on peut révéler grâce à une lampe torche spéciale (ce qu’on appelle la lumière noire). C’est très marrant d’essayer de tous les trouver! Malgré tout, l’auteur le dit lui-même: à moins d’être un fan inconditionnel (absolu) de son travail, cette exposition s’adresse plus aux adultes qu’aux enfants.

Un bol d’air frais

Cette exposition permet à Midam de souffler un peu. Depuis quelques années, l’auteur se sentait piégé par son travail. «Mine de rien, être dessinateur de BD, c’est un métier difficile, explique-t-il. C’est vrai que c’est agréable de travailler chez soi, avec son chat sur les genoux, quand il pleut dehors. Mais au fil des années, on a mal au dos, on prend des kilos, les yeux s’abîment… Et puis, c’est un métier solitaire.»

Plus qu’un métier difficile, c’est aussi un rythme de travail éprouvant (fatigant) que Midam critique. «C’est compliqué parce que l’auteur produit de la matière artistique, mais il travaille avec l’éditeur (celui qui publie ses œuvres), dont l’objectif est de vendre. Il veut juste savoir combien d’albums il y aura et pour quand.» Pas le droit à la panne d’inspiration, il faut publier quoi qu’il arrive. Une course à la production et contre la montre qui est très stressante pour les auteurs. «J’ai parfois mal au ventre pendant des jours, tellement je suis angoissé», nous confie-t-il.

Avec New-Blork City, Midam s’échappe un peu de cette «dictature (obligation) du gag». Même si les blorks sont loin d’être sérieux, l’humour n’est pas au centre de l’exposition. Les œuvres se veulent «contemplatives», elles nous permettent de rêvasser, d’imaginer l’histoire derrière un tableau.

Malgré tout, Midam n’abandonne pas la BD pour autant (et heureusement!). Il a trois projets pour le futur: continuer à exposer dans des galeries, être plus régulier dans la création des albums de Kid Paddle (il pense créer une équipe de dessinateurs pour faciliter son travail), et aussi, sortir un nouvel album de Game Over. Il s’intitulera Dark web et est prévu pour le 31 octobre prochain.

www.hubertybreyne.com