Recep Tayyip Erdogan est à la tête de la Turquie depuis 15 ans. Les prochaines élections étaient en principe programmées pour octobre 2019, mais Erdogan en a décidé autrement. Il a avancé le vote de 16 mois. Il risquait de perdre l’élection et donc le pouvoir… mais il sentait probablement qu’il avait de grandes chances de gagner maintenant, et d’être élu pour cinq ans, jusqu’à 2023, donc. Or, 2023, ce sera l’année du 100e anniversaire de la république de Turquie! Une année importante, donc..

Vainqueur

Ce 24 juin, 56,3 millions de Turcs étaient appelés aux urnes (les boîtes dans lesquelles on glisse les bulletins de vote, les papiers sur lesquels on coche les noms de ceux qu’on choisit). Auparavant, trois millions de Turcs vivant à l’étranger avaient déjà pu voter.

Les électeurs (ceux qui votent) avaient deux bulletins de vote. L’un pour choisir le président, l’autre pour élire les 500 membres du Parlement (l’assemblée de ceux qui votent les lois).

Au scrutin (vote) présidentiel, Recep Tayyip Erdogan a remporté 52,5% des voix (un peu plus de la moitié des votes). Il reste donc président du pays.

Erdogan a également gagné aux législatives (élections pour le Parlement). Il est président de son parti politique (équipe de gens qui ont les mêmes idées pour diriger le pays). Ce parti s’appelle l’AKP (Parti de la justice et du développement). Pour les élections législatives, l’AKP avait fait alliance (s’était unie) avec un autre parti: le MHP (Parti d’action nationaliste). Ensemble, les deux partis ont reçu 53,6% des votes. Ils auront 342 sièges (places au Parlement) sur les 500. Ils pourront donc prendre des décisions facilement ensemble, puisqu’ils sont largement majoritaires (ils ont beaucoup plus que la moitié des postes de députés).

Hyperprésident

Le vote de ce 24 juin marque le début d’une nouvelle période dans l’histoire de la Turquie. En effet, Erdogan a fait modifier la Constitution (texte officiel qui dit comment un pays doit fonctionner). Depuis ce 25 juin, le président a plus de pouvoir. Quelques exemples qui illustrent les changements?

Le poste de Premier ministre n’existe plus. Le président est à la fois président et chef du gouvernement. C’est lui qui choisit ses ministres et les renvoie s’il le veut. Il peut aussi gouverner (diriger) par décrets (prendre des décisions, décider des lois, seul). Il peut dissoudre le Parlement (renvoyer les élus et refaire des élections). Le Parlement et le système judiciaire (qui veille au respect des lois) sont sous le contrôle du président… Enfin, le président ne peut, en principe, être en fonction pendant plus de deux fois cinq ans. Mais il peut se représenter s’il dissout le Parlement et provoque des élections avant la fin de son mandat (période pendant laquelle il assume le rôle de président).

Donner autant de pouvoir à un seul homme éloigne la Turquie d’un fonctionnement démocratique (quand le peuple décide et peut participer au pouvoir). Certains s’inquiètent aussi de voir les libertés de plus en plus réduites pour des opposants, des journalistes… Mais les partisans d’Erdogan louent (vantent) son efficacité, disent qu’il fait beaucoup pour son pays et que c’est le meilleur homme pour diriger la Turquie.