Malgré la guerre, il y a des limites. «Elles sont dictées par l’esprit d’humanité, explique Fabienne Van Michel, volontaire (personne qui s’engage pour donner gratuitement une aide, sans être payée) à la Croix-Rouge. Des personnes doivent être protégées, certaines armes ne peuvent être utilisées,… Nous allons proposer aux enfantsde se mettre dans la peau de militaires. Mais on va leur donner pour mission de respecter la dignité humaine. Ils vont devoir se rendre compte qu’on pourrait faire la guerre autrement. Même si on ne peut pas la supprimer, on pourrait faire en sorte qu’elle se fasse avec plus d’humanité, notamment en ayant de l’empathie pour l’autre camp (capacité à comprendre les émotions et les sentiments des autres).»

C’est quoi, la dignité humaine?

Dans cette classe de 6e année de l’école Saint-Remacle à Liège, les élèves ont déjà réfléchi sur la dignité humaine avec Fabienne, la volontaire de la Croix-Rouge. Ils ont réalisé un arbre qui symbolise (représente) les besoins de tout être humain.

Fabienne Van Michel explique: « On a tous les mêmes besoins. Donc, on devrait tous avoir les mêmes droits. Les enfants vont être placés en équipes. L’idée, c’est d’apprendre à discuter et non à se disputer. Car il faut se mettre d’accord sur des choix qui vont ou non permettre le respect de la dignité humaine en temps de conflit armé.»

Alec et Clea ont besoin de vous!

En un clin d’œil, les enfants sont plongés dans le jeu. La voix d’Alec leur explique qu’avec Clea, ils habitent le Vert pays, et plus précisément à P’tit bled, un village aujourd’hui menacé par la guerre déclarée par le Proche pays, un pays voisin. Les raisons de ce conflit sont obscures (pas claires). Par contre, Alec et Clea sentent que les combats se rapprochent et ils doivent aller à Ville grande pour donner de leurs nouvelles à la famille et ramener de la nourriture au village.

En équipes de quatre et en endossant le rôle de militaires, les élèves vont devoir accompagner Alec et Cléa. Les situations sont d’emblée très concrètes. Ainsi, en plein village, au cœur du marché, ils aperçoivent des soldats de l’armée adverse qui courent se cacher dans l’école du village. Que faire? Quels choix poser? Les enfants reçoivent des propositions. Ils doivent réfléchir, argumenter, se mettre d’accord afin de prendre la décision qui respectera la dignité humaine. Autre situation: Alec et Clea traversent une forêt, un lieu où l’on préserve la nature. Mais des civils (non militaires) ont dit qu’ils y avaient vu des soldats de l’armée adverse. Préparent-ils une attaque? L’état-major (les chefs de l’armée) veut que les soldats vérifient s’il n’y a pas d’ennemis dans la forêt. Les élèves se rendent compte qu’il faut bien réfléchir à chaque acte car des civils peuvent être victimes. Des armes chimiques peuvent créer de graves dégâts à plus long terme sur la population, la faune (animaux) et la flore (végétaux). Au fil du jeu, les problèmes des mines, du sort des blessés, des prisonniers,… sont aussi discutés. Les moments de réflexion alternent avec les moments d’action (des missions à mener à bien). Les élèves avaient-ils déjà réfléchi à ce genre de choses ? Non. Et en situation, au cours d’un jeu, leur implication est grande. «Je me sens bien, intéressé, explique un élève. On a fait de bonnes actions et on a appris pas mal de choses.»

Les enfants expliquent qu’ils se sont sentis proches d’Alec et Clea mais qu’ils ne se rendaient pas compte qu’en temps de guerre, on pouvait mettre des enfants en prison. Un autre élève se dit qu’il aurait été impressionné de savoir qu’il marchait sur un sol contenant des mines. Ils n’auraient pas aimé être à la place d’Alec et Clea, tenus de se débrouiller seuls sans parents.

Au final, une sacrée démarche dont les enfants se souviendront certainement.