Le Nicaragua connaît des moments bien difficiles. Des manifestations ont lieu depuis le mois d’avril. Des affrontements avec la police ont déjà tué 148 personnes. Les manifestants réclament le départ du président Daniel Ortega qui est à la tête du pays depuis 2007. Ils accusent le président de brider (freiner, supprimer) les libertés et de confisquer le pouvoir.

Une colère grandissante

En fait, Daniel Ortega a déjà passé 20 ans à la tête du pays. Mais il fait l’objet d‘un renforcement de critiques. Le 18 avril dernier, quand il a annoncé qu’il voulait réduire de 5% les pensions (ce que les travailleurs touchent comme argent quand ils prennent leur retraite), la colère a éclaté. Le mécontentement était déjà perceptible (visible) une ou deux semaines auparavant, mais plutôt du côté des étudiants. Ceux-ci protestaient contre la négligence du gouvernement face aux feux de forêts, à l’est du pays.

Très vite, le pouvoir a réagi avec violence face à ces manifestations. Les protestations se sont étendues, réclamant le départ du président.

Le sandinisme

Daniel Ortega n’a pas toujours été critiqué par les Nicaraguayens. Cet homme est arrivé au pouvoir en 1979 avec ce que l’on a appelé la révolution sandiniste.

En 1979, le Nicaragua sortait d’une période de 43 ans de dictature des Somoza soutenus par les États-Unis. Les Somoza étaient une influente famille du pays qui l’a dirigé d’une main de fer. Ils s’étaient hissés au pouvoir en 1936 après avoir commandé l’assassinat d’un opposant, César Augusto Sandino. Certains ont repris les idées de ce Sandino et ont créé le mouvement sandiniste.

Et, en 1979, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) est arrivé au pouvoir. Daniel Ortega faisait partie du FSLN. Il a donc été au gouvernement de 1979 à 1985, puis est devenu président de la république de 1985 à 1990.

Lorsqu’il est revenu au pouvoir en 2007, Daniel Ortega se disait toujours sandiniste. En 1979, la révolution sandiniste promettait de venir en aide aux plus pauvres en leur donnant des terres, un travail, l’éducation, un logement et des soins. Mais Daniel Ortega a profité de son retour à la tête du pays pour concentrer tous les pouvoirs. Sa femme, Rosario Murillo, a même été élue vice-présidente et leurs enfants occupent des postes importants dans le pays. Depuis peu, le gouvernement a coupé le signal des télévisions et des radios qui le critiquaient et fait régner la terreur. Non seulement 148 personnes ont perdu la vie lors d’affrontements avec la police mais 1 300 ont été blessées et plus d’une centaine sont disparues.

Le 12 juin, ceux qui s’opposent à Daniel Ortega ont appelé à une grève générale (arrêt de toute activité dans le pays). Ils veulent forcer le président au dialogue et à la fin des violences.