Les enfants accèdent à Internet de plus en plus tôt. C’est ce que l’on peut lire dans le rapport de l’Unicef sur les enfants et le numérique. En Europe, les possibilités de connexion sont nombreuses: smartphones, ordinateurs de bureau et portables, tablettes et consoles de jeux. Certains disent des enfants qu’ils sont une «génération de tête baissée» car ils sont souvent rivés sur un écran. Selon Ipsos (un institut qui fait des enquêtes), en France, les 7-12 ans passent 6 heures par semaine sur Internet. Souvent, c’est sur le smartphone qu’ils se connectent, loin du regard des adultes.

L’agence Heaven appelle «clandestins» (des gens qui se cachent), les nombreux enfants de moins de 13 ans qui sont actifs sur les réseaux sociaux (alors que l’accès selon la loi est réservé aux plus de 13 ans). Snapchat arrive en tête, suivi par Instagram. Et selon l’institut Ipsos, en France, YouTube attire désormais près de 8 ados sur 10 (en 2016, c’était un peu plus de 4 sur 10!). Internet sert donc à regarder des vidéos, écouter de la musique, jouer à des jeux, aller sur les réseaux sociaux ou utiliser des messageries pour discuter.

Les pays moins favorisés

L’Unicef (organisation chargée d’aider les enfants dans le monde) a recueilli des avis d’enfants dans 26 pays, mené des ateliers et des enquêtes pour comprendre ce qu’ils font sur Internet. Comme ailleurs, la connexion permet d’abord la distraction (vidéos, jeux, contacts avec les ami(e)s), puis elle offre la possibilité de s’informer, de s’aider pour l’école et, pour certains, de créer des contenus. Mais Internet leur permet aussi de rester en contact avec des parents à l’étranger:

« Mon père est en Syrie et je suis en Jordanie, je peux ainsi lui parler» explique cette fille de 16 ans. Cette autre fille de 14 ans, de République démocratique du Congo, raconte : «J’ai un cousin qui devait se faire opérer et il ne pouvait pas sortir. Alors, avec ma sœur et d’autres cousins, qui vivent dans des endroits différents à travers le monde, nous avons créé un groupe, juste pour se raconter des histoires drôles et distraire mon cousin de sa maladie.»

En Moldavie (un des pays les plus pauvres d’Europe), un enfant sur cinq a au moins un parent à l’étranger, et pour 5% des enfants, il s’agit des deux parents. Gabi avait 6 ans lorsque sa mère est partie pour la première fois travailler en Italie. «C’était difficile à l’époque, explique-t-elle. On n’avait pas d’ordinateur. On ne pouvait qu’acheter une carte SIM à 20 euros et ça s’arrêtait là pour le mois.» Lorsque, le progrès technologique aidant, Gabi a pu avoir un téléphone portable en 2010, les communications avec sa mère se sont faites plus régulières… Pour elle, comme pour de nombreux jeunes Moldaves, avoir des liens avec sa famille passe par Internet.

Faire entendre sa voix

Internet permet aussi aux jeunes de se faire entendre des autorités. Le Brésil est la septième puissance économique mondiale. Pourtant, des millions de personnes n’ont pas accès à un ordinateur. Grâce à Vojo, les choses changent. Pour utiliser la plate-forme Vojo, il suffit de composer un numéro et de laisser un message, qui est ensuite publié en ligne en temps réel. Des photos et vidéos peuvent également être postées par SMS.

Quand les autorités de la ville de Salvador, au nord-est du pays, ont cessé de fournir des bateaux pour emmener les enfants à l’école…, ceux-ci ont pu utiliser leurs téléphones et Vojo pour faire du bruit dans les médias sociaux et forcer les autorités à régler le problème du transport.