Bastien Baix termine des études d’ingénieur civil. «À 10 ans, et même un peu avant, j’ai commencé à m’intéresser aux manières d’aller dans l’espace: machines, outils, fusées,… Cette passion m’a fait choisir le domaine des sciences et des maths pour arriver aux études d’ingénieur.» Même s’il ne s’est pas spécialisé dans l’aéronautique où les ingénieurs conçoivent (imaginent et mettent au point) des systèmes pour les avions, les missiles, les satellites, Bastien est resté «branché» sur l’espace. Lorsqu’il a vu que son université, l’UCL, présentait un projet sur Mars… il a foncé, il s’est porté candidat. Il a présenté et réussi les tests. «La sélection s’est faite en deux parties. La première, au sein de l’université, sur base de la motivation, des connaissances scientifiques, du projet d’expérience à développer sur place et de la sociabilité (capacité à vivre en groupe).»

Mais la seconde partie de la sélection était assurée par la Mars Society. C’est l’organisation internationale qui possède cette base dans le désert de l’Utah (ouest des États-Unis). Elle sélectionne des équipes venues du monde entier. Bastien a réussi cette deuxième épreuve!

«Nous avons préparé durant un an ce séjour de 15 jours dans la base. Nous étions huit à partir de l’UCL et chacun devait mettre au point une expérience à réaliser sur place. Moi, j’ai préparé de quoi faire la carte des environs de la base avec un drone. J’ai pensé qu‘autour de Mars il n’y a pas encore de satellites de cartographie tels qu’on en a autour de la Terre. Pourtant, c’est nécessaire pour les astronautes qui seront sur place. Avec le drone, on a réussi à créer des modèles 3D de la base elle-même et des environs.»

Une expérience riche

Dans cette base de l’Utah, chaque minute d’une journée est bien utilisée: expériences scientifiques, contacts «avec la Terre» (contacts qui imposent que tout ce qui a été fait soit consigné en anglais et envoyé par écrit à l’équipe de la Mars Society), tâches ménagères (dont les repas réalisés avec des aliments déshydratés),… «L’eau est présente dans l’habitat mais limitée à moins de 3 000 litres pour les 15 jours. On s’est rendu compte que la moitié partait dans l’arrosage des plantes de la serre. L’idée est de faire pousser des légumes pour avoir du frais avec soi sur Mars.»D’autres expériences ont été tentées. «Une biologiste s’est demandé comment créer du pain sur Mars. La farine, l’eau et le sel peuvent être emmenés de la Terre mais pour le levain, comment faire? Elle a créé du levain à partir de bactéries de salive humaine. Et ça a marché!»

Bastien est ravi de cette expérience. L’ambiance dans l’équipe était extraordinaire. «Quand on sort de la base avec sa combinaison, que l’on va en mission en rover (automobile spatiale) au milieu d’un désert rouge, en étant en liaison radio avec les autres membres de l’équipage,… on se croit vraiment sur Mars!»