Que sais-tu de la Révolution française ? Peut-être as-tu retenu que c’est le 14 juillet 1789 que les révolutionnaires ont pris la Bastille. Mais en sais-tu davantage? La Bastille était une sorte de château qui servait de prison, notamment pour les opposants au pouvoir.

Mais pourquoi le peuple voulait-il faire une révolution ? Cette BD intitulée « Les Enfants perchés de la Révolution » a décidé de le raconter, en trois tomes.

La BD démarre en avril 1789. Le héros est Michel, un enfant du faubourg Saint-Antoine, le quartier le plus peuplé de Paris et celui qui est bordé par la Bastille. Dans ce quartier, il y a beaucoup de commerces, une vie agitée mais aussi de la pauvreté. Michel assiste en début d’album à l’annonce du report des Etats généraux et de la colère qui monte parmi la population.

En 1789, la France connaît une crise financière. Le gouvernement royal a bien essayé de lever des impôts pour faire payer la noblesse et le clergé (l’église)… mais cela a échoué. Ces privilégiés refusent d’avoir à payer des taxes.

Pour débloquer la situation, le roi Louis XVI (16) finit par accepter de convoquer les Etats généraux. Il va réunir toute la société, c’est-à-dire la noblesse, le clergé et ce que l’on appelle le tiers Etat (les marchands, les ouvriers, les paysans… soit la majorité des Français). Chacun va pouvoir s’exprimer sur ce qu’il souhaite mais des assemblées élisent des délégués.

Cette BD démarre en avril 1789, quelle est l’ambiance?

« Au faubourg Saint-Antoine, on est à deux pas de la Bastille. On est aussi proche de l’entreprise de Jean-Baptiste Réveillon, celui qui a dit qu’il fallait baisser les salaires des ouvriers, ce qui va provoquer une émeute. C’est aussi là qu’il y aura le décollage du premier vol habité en Montgolfière, j’en parlerai dans le tome 2. Michel, 11ans, est le fils d’un artisan veuf du faubourg Saint-Antoine. »

Dans cette bande dessinée, tout ce que l’on explique est historique ?

« Oui, sauf les enfants perchés. Je ne pense pas que des enfants aient vécu à cette époque sur les toits de Paris. J’aime bien, quand je crée un album historique, de me demander quel était l’état d’esprit, à quoi les gens rêvaient, ce qu’ils mangeaient, etc. Un des grands fantasmes de l’époque de la Révolution française était de manger du chocolat ! C’était le symbole accessible du luxe. Accessible aux bourgeois. Ce qui fascinait aussi, c’était les automates. Un truc qui cartonnait au Palais, c’était le canard de Vancauson, un automate censé imiter à la perfection les mouvements d’un canard, jusqu’à sa digestion ! »

Quand démarre l’album, la grogne grandit dans les rues

« Oui, ce sont les assemblées qui préparent les Etats généraux. Michel, 11 ans, en entend parler. Pas sûr qu’il comprenne tout mais c’est son contexte de vie. Son père est sensible au sort des gens du peuple. Il parle d’ailleurs à Michel du patron d’une entreprise de papiers peints, Jean-Baptiste Réveillon, qui veut convaincre les autres patrons de baisser les salaires des ouvriers à 15 sous au lieu de 25 ! Michel se dit que son père n’est pas un patron, qu’il n’est donc pas concerné… Il n’est pas vraiment inquiet de ce qui se passe à ce moment-là. « 

L’affaire Réveillon est ce qui annonce l’arrivée de la Révolution française…

« J’en parle donc. Dans ce faubourg Saint-Antoine, il y a aussi l’hôpital des Enfants Trouvés. C’est là que Michel se retrouvera quand son père aura disparu. Cet endroit a vraiment existé. Il abritait beaucoup d’enfants. Beaucoup mourraient peu après leur arrivée, surtout les bébés, car il n’y avait pas nourrice. On donnait donc aux bébés du lait d’ânesse ou de vache mais ça ne leur convenait pas. Et ce lieu était un nid à épidémies ! « 

Les Enfants perchés de la Révolution, Bordas, Casterman.

Michel, le héros, a donc bien raison de fuir cet endroit !

« Oui, il s’en échappe. Il entend parler dans les rues du Duc d’Orléans, cet homme comptait à l’époque. Il était le cousin du Roi. Et beaucoup mettaient des espoirs de changements en lui. Il était donc extrêmement populaire. Toutes ces références sont expliquées dans un petit dossier facile à comprendre en fin d’album et chaque explication est liée à un personnage. »

Pourquoi percher les enfants?

« J’aimais bien cette idée, un peu comme si les enfants étaient au sommet des arbres. Mais dans une ville, c’est plus évident d’être sur les toits. Mais quand je dessine les choses, je veux d’abord savoir comment elles fonctionnent. J’ai donc d’abord pensé à comment s’accrocheraient ces cabanes sur les toits de Paris. Pour que l’on y croit, il faut que cela fonctionne techniquement. »

Les enfants vivent sur les toits et tentent de s’en sortir en volant de l’argent et en vivant comme ils le peuvent. Michel va trouver parmi eux une aide précieuse puisqu’il a perdu l’appui de sa famille. Ce premier album nous plonge dans les événements historiques d’une manière amusante et rythmée. Une très chouette façon de s’intéresser à ces événements historiques. Tiens, Louis XVI a été guillotiné le 21 janvier 1793. C’était donc il y a 230 ans !