Rori, ça fait dix ans que tu fais de la musique, plusieurs années que tu chantes seule, et ton premier EP se fait attendre.

Oui, je veux qu’il soit parfait, je veux en être fière. Ça prend du temps et, surtout, ça coûte beaucoup d’argent. C’est cher, d’aller en studio, faire mixer, mastériser. Et puis, j’ai expérimenté beaucoup. Je voulais prendre le temps de trouver ce qui me plaisait et là, j’ai trouvé.

Trouver son style, trouver l’argent et des contrats, c’est pas facile !

Oui. Mais c’est la vie. Y’en a qui rament pour trouver du boulot ou pour rester dans leur job. Chacun sa peine. Moi, c’est ça, mais j’ai la chance de faire ce que j’aime.

Heureusement, tu as sorti quelques morceaux, tu donnes des concerts et tu crées. Tu peux vivre de ça ?

Les concerts et le fait de passer en radio, ça me rapporte de l’argent. Pour le reste, je suis étudiante. Je suis en master en graphisme. Mes parents m’aident tant que je suis aux études. Donc, ça va.

Tu as chanté en anglais au début. Là, tu t’orientes vers le français.

Oui. L’anglais, c’était cool, c’est la culture musicale que j’ai. Je connais que dalle en chanson française, parce que mes parents n’écoutaient pas ça. Mais toutes mes musiques, maintenant, c’est de la pop française. Je trouve qu’il y a plus de place. Et ça apporte quelque chose de frais, de chanter en français sur ma musicalité anglophone.

Écrire en français, c’est très différent ?

Oui. En anglais, c’est direct, simple. En français, j’aime pas le côté trop lourd, genre tu dois t’asseoir pour lire la phrase et la comprendre. Ici, on a trouvé le truc pour que l’auditeur comprenne facilement, même s’il y a des petites choses cachées.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ma vie. Mon vécu. Même s’il n’est pas long, on en vit, des choses ! En fait, tout le monde vit des choses très tôt et tout le monde a des choses à raconter.

Sur scène, tu as l’air très à l’aise. C’est naturel, intuitif, ou tu as dû apprendre ?

Non, c’est naturel. Pourtant, dans la vie, je suis très réservée, en fait. Mais quand je rentre sur scène, je suis quelqu’un d’autre.

De quoi va parler ton EP ?

De moi ! J’ai le melon (rires). En fait, justement, il va parler de mon côté introverti. C’est de ça que parle ma chanson Docteur. Quand j’étais ado, je regardais autour de moi et je trouvais que les autres avançaient, et pas moi. Je comprenais pas trop. Puis, après, j’ai grandi et j’ai compris que c’est juste qu’ils vont dans une autre direction. Je parle de ça, que je dois assumer plus qui je suis.