C’est armé de sa casquette et de son humour bien senti que GuiHome nous a rejoint dans nos bureaux, ce lundi-là. L’humoriste namurois est en terrain connu, puisqu’il a lui-même été lecteur du JDE quand il était plus jeune. « J’avais d’ailleurs envoyé un poème, avec des copains, qui a été publié dans le journal, j’étais hyper fier », se souvient-il.

Quelques recherches dans nos archives plus tard, nous l’avons retrouvé, ce poème (à lire ci-dessous). Cela tombait bien que GuiHome se replonge dans ses souvenirs d’enfance, puisque c’est de cela que nous avons discuté ensemble.

GuiHome, tu es donc un ancien lecteur du JDE?

Oui! Ma maman nous avait offert l’abonnement. On a très vite réalisé qu’on pouvait lire le journal comme nos parents, au petit déjeuner. C’était vraiment la classe.

Tu suivais beaucoup l’actualité en étant enfant ?

Oui. Mais ce n’était pas vraiment une démarche de ma part. Je pense que mes parents et surtout ma maman nous tenaient vraiment informés et veillaient à ce qu’on soit attentifs. On regardait souvent le journal télévisé. J’ai baigné dans l’info sans en être conscient. C’est le 11 septembre 2001, lors des attentats du World Trade Center, que je me suis rendu compte de ce c’était vraiment, l’actualité. Ça coïncide aussi avec l’année où j’ai compris que le monde pouvait être violent. Mais c’est vraiment en grandissant que j’ai ouvert mon esprit à l’actu. Et aujourd’hui, c’est aussi l’actu qui définit mon contenu puisque toutes mes vidéos traitent de notre actualité.

Tu parles de la violence du monde, faut-il préserver les plus jeunes de cette violence?

Je pense qu’il faut préserver les jeunes dans la manière dont on leur transmet l’information mais il ne faut pas les préserver dans la réalité. Je pense que les enfants font partie de l’actualité, ils sont l’actualité, en tout cas un élément d’actualité. Par contre, ils doivent y être confrontés de manière intelligente, bienveillante et de sorte à ce qu’ils aient les bonnes grilles de lecture le plus tôt possible. C’est encore plus important maintenant, avec la désinformation et leur présence sur les réseaux sociaux, qu’une actualité cadrée leur soit transmise, avec un accompagnement.

Cet accompagnement existe-t-il?

Il y a 1001 outils qui existent pour accompagner l’enfant dans l’actualité et dans la compréhension à l’actualité, comme le JDE ou d’autres organismes mais aussi les profs qui se battent pour que l’actualité fasse plus partie de leurs cours. L’histoire, ce n’est pas seulement celle d’avant, c’est aussi l’histoire qui se déroule actuellement. Je pense que c’est quelque chose qui m’a manqué, personnellement. Je réalise que je peux expliquer les guerres mondiales mais en tant que citoyen, dans la vie réelle, j’ai quand même des lacunes (manques).

Dans tes vidéos, tu fais beaucoup d’ironie. N’est-ce pas risquer de mal faire passer les informations?

Quand je travaille sur une vidéo, j’essaye de bien comprendre l’actualité et de ne pas me tromper dans les infos. J’essaye que l’info soit le plus possible raccord avec la réalité mais de manière exagérée puisque je ne fais pas de l’info, je fais de l’humour. Mon personnage a le droit de dire des bêtises et de se tromper, tant qu’il pousse à la réflexion, qu’il respecte tout le monde et qu’il ne dit pas des choses horriblement fausses. J’aime bien partir d’une réalité et l’exagérer, quitte à ce qu’on me dise « ce n’est pas vraiment ça » et qu’un chouette débat s’ouvre.

Tu es un enfant des années 1990. Qu’est-ce que les enfants de 2022 pourraient t’envier?

Je sais que c’est cliché mais je pense qu’ils n’ont pas eu la chance d’avoir une enfance déconnectée. Je ne dis pas que les enfants d’aujourd’hui ne font plus de cabane dans les bois mais je pense qu’ils vivent à cheval entre deux monde: le monde réel et le monde virtuel. Ça doit dégager une certaine confusion.

Et toi, que pourrais-tu leur envier?

Je leur envie leur accès, justement grâce à cette connexion, au quotidien, à des artistes incroyables, de l’autre bout du monde, qui défendent des chouettes valeurs. Si on prend le cas des sexualités, ils sont plus vite confrontés à des artistes qui revendiquent des sexualités autre que l’hétérosexualité. Ils ont une plus grande ouverture d’esprit.

Dans ton spectacle, tu parles du passage à l’âge adulte. Ça se passe comment, selon-toi?

Je pense que c’est, heureusement, par étapes. Pour moi, il y a trois éléments importants: la perception de ce qui nous entoure qui évolue, la perception de nous-même qui change dans ce que l’on est, pense, ressent mais aussi au niveau physique et puis le saut dans le vide en matière de responsabilités. En fait, on a des petites responsabilités en plus au fur et à mesure, jusqu’au jour où on se rend compte qu’on fait toutes les mêmes tâches que nos parents. Et là, subitement, on réalise qu’on est devenu un adulte. Et cette réalité est bien loin des contes de fée qu’on nous racontait quand on était petit. On nous a bien arnaqué avec cette histoire de princes et de princesses. Moi, je me retrouve dans mon appartement avec une paperasse administrative, le premier mariage d’un de mes potes, le premier enterrement de quelqu’un de mon âge, l’actualité qui est quand même bien catastrophique, ….

Tu as l’impression qu’on est préparé à ça ?

Je pense qu’on n’est jamais vraiment préparé à ça. On peut nous préparer comme on veut, la vie est quelque chose qui nous dépassera toujours. C’est ça qui est magique, qu’on ne soit pas préparé. Si on était préparé à chaque étape qui nous attend, de un, on s’ennuierait et de deux, on n’aurait jamais l’occasion de découvrir la manière dont on réagirait. C’est peut-être ça devenir adulte, réussir à se débrouiller quand tout ce qu’on nous a appris ne suffit pas, et qu’il faut trouver de nouvelles solutions.

Face à tout cela, ça ne vaudrait pas mieux de rester un enfant toute sa vie?

Moi, j’assume mon statut d’adulte et de citoyen, mais dans ma perception de la vie, j’ai choisi de garder celle d’un enfant. J’ai une manière très insouciante d’aborder les choses. Je suis très attentif à ce qui se passe autour de moi. Et j’ai fait le choix de m’amuser tout le temps, dans tout ce que je fais. Je pense qu’il faut accepter qu’on ne sera pas un enfant pour toujours mais on peut garder un filtre d’enfant à mettre sur son quotidien, qu’on enlève quand on veut, quand il faut. Par exemple, lorsqu’on s’occupe de sa comptabilité.

On a joué à « Tu préfères? » avec GuiHome

Lorsqu’il est venu dans nos bureaux, nous avons proposé à GuiHome de jouer à « Tu préfères? », un jeu de dilemme. Nous lui avons proposé cinq dilemmes. Voici ses réponses:


« Les étoiles », le poème de GuiHome et ses amis, publié dans le JDE en avril 2001

Elles sont magnifiques, n’est-ce pas  ?

On les oublie, mais elles sont toujours là.

Quand on y repense, on les revoit.

Elles brillent par millions et quand nous les regardons nous nous émerveillons.

Elles sont toujours au rendez-vous

Mais certaines s’endorment avant nous.

Voici tous les avantages d’une nuit sans nuage.

Poème de Guillaume, Mathilde et Arthur, de Maillen