Vous avez tourné pour la première fois avec Daniel Auteuil ! 

Jamel Debbouze: J’ai presque l’impression d’avoir tourné toutes ces années pour être prêt à tourner avec lui. On se croise pas mal à Paris, on n’habite pas loin de l’autre, et à chaque fois je lui fais des appels du pied: d’abord je lui ai demandé un selfie, ensuite je lui ai offert un verre de thé. Et à chaque fois, je lui ai demandé s’il y avait moyen de tourner avec lui, même pour de la figuration. À force, ça a dû lui rester dans un coin de la tête puisque c’est lui qui m’a appelé. Et ça, c’est comme être convoqué par le capitaine de l’équipe de France de football (il rit).

« Le Nouveau Jouet » parle de l’argent-roi…

Jamel Debbouze: L’argent a toujours été roi. Et là, on fait en sorte qu’il ne le soit plus autant: ce gamin est un fils de milliardaire, mais qui a vécu un drame terrible en perdant sa maman, et qui s’éloigne de son père. Il a tout l’argent du monde, mais pas l’amour. Et il rencontre un mec qui, à l’inverse, n’a pas un balle, mais une femme qui l’aime, et un enfant à venir.

Ce choc des cultures et des émotions était très intéressant à jouer pour moi, qui ai aussi attendu un enfant, et qui ai eu peur des responsabilités que ça supposait.

Dans la vie, on est des problèmes quand on n’a pas d’argent… et quand on a trop d’argent ?

Jamel Debbouze: On a des problèmes quand on n’a pas d’amour. Quand les gens ne t’aiment pas, et que tu n’existes à travers aucun regard. Mes enfants, toujours eux, ont besoin d’exister à travers mon regard et je peux vous dire que si je ne regarde pas ma fille danser, eh bien, elle ne bouge pas (rires) ! Et l’argent n’a aucun rôle là-dedans.

Vous savez, j’ai manqué de beaucoup de choses au début de ma vie, et finalement, j’ai été dans les deux classes sociales – populaire et bourgeoise. Je ne suis pas milliardaire, mais je vis très bien grâce à mon métier. Mais dans les quartiers de Paris où je vis, je ne retrouve pas la joie de vivre et la solidarité qui existaient dans ma cité, malgré la misère.

Je ne sais pas ce qui est né en premier, de la misère ou de la joie de vivre. Mais je pense que la joie de vivre est la conséquence directe de la misère. Là-bas, quand quelqu’un meurt, ou qu’il y a une naissance, tout le quartier «célèbre » ça ensemble: on va les uns chez les autres, il y a des plats qui passent. Et ça dure 40 jours ! Le terreau de la solidarité, c’est la misère. Et pour ce film, j’ai été pas mal puiser dans ces sentiments…

Votre jouet fétiche?

Jamel Debbouze: Quand j’étais petit, j’avais une petite balle que j’emmenais partout. Ce qui était génial, c’est que dès que je la posais par terre, je me faisais un copain, de suite. C’est fascinant, quand même, le pouvoir d’une simple balle: tu la poses n’importe où dans le monde, et il y a quelqu’un qui te la rend ! Et cette balle, dans laquelle ont quand même tapé Nicolas Anelka et Omar Sy, je l’ai gardée. Elle est dans mon bureau… même si personne ne me croit !

Interview: Michaël Degré