Une œuvre d’art vivante ? C’est possible ! Mu Blondeau se décrit comme une narratrice visuelle et travaille avec des bactéries marines bioluminescentes. Elles produisent elles-mêmes de la lumière grâce à une réaction chimique. 76 % des animaux marins sont bioluminescents, soit 3 sur 4 d’entre eux ! Cela leur sert pour attirer des proies, communiquer…

Direction le laboratoire

Tu te demandes sûrement comment Mu Blondeau s’est retrouvée à travailler avec ce type d’organismes. Elle réalise un doctorat en Art et Sciences de l’Art. Ce diplôme nécessite de faire de la recherche scientifique. Elle travaille donc sur une thèse, un dossier de recherche. « J’ai voulu travailler en lien avec la mer. J’aime la plongée. Pour moi, la mer, c’est l’inconnu. Quand je plonge, il y d’autres odeurs et couleurs puisque le rouge et le jaune disparaissent. Les sons sont déformés. Au début, je me suis intéressée aux baleines mais finalement je suis allée au laboratoire de biologie marine de l’université de Louvain qui travaille sur la bioluminescence » explique l’artiste.

Mu Blondeau dans le laboratoire de biologie marine de l’Université catholique de Louvain. (©Mu Blondeau)

Un résultat en 24 à 48 heures

Dans ce laboratoire, l’endroit où travaillent des scientifiques, Mu Blondeau a appris à utiliser les outils nécessaires pour manipuler les bactéries. Ces dernières sont fragiles il faut donc les manier avec précaution et dans de bonnes conditions. L’artiste se rappelle : « Je devais présenter mon travail à Montréal. Il faisait très froid dehors mais très chaud dans la chambre d’hôtel où j’ai manipulé les bactéries. Elles ont commencé à émettre de la lumière. Je suis partie prendre le métro et en arrivant, elles n’émettaient plus de lumière. Mais quand je suis revenue dans ma chambre à l’hôtel, elles ont recommencé à faire de la lumière. »

Le travail artistique de Mu Blondeau est délicat. « Je dessine avec des bactéries invisibles à l’œil nu. Je ne vois pas ce que j’ai dessiné avant 24 à 48 heures, le temps que les bactéries se sentent en sécurité et se mettent à émettre de la lumière. Cela se développe avec une faible intensité » explique-t-elle.

Aujourd’hui, elle expose son travail sous forme de photographies représentant les organismes bioluminescents installés dans des triptyques (un cadre en trois parties) aux formes rappelant des animaux marins.

Mu Blondeau a pu s’inspirer des pièces des collections scientifiques de l’université. (© Mu Blondeau)

Et pour cause, l’artiste a pu avoir accès à la collection scientifique de l’université de Louvain où se trouvent des squelettes d’animaux, des coquillages… Elle se rappelle : « C’était un peu comme le film La Nuit au musée. »

Son exposition, Eclaboulinures!, est présentée dans le cadre de l’anniversaire de l’université catholique de Louvain. L’établissement fête ses 600 en 2025. Il organise donc chaque année une exposition sur un des quatre éléments : terre, air, feu et eau. Mu Blondeau s’est penchée sur l’eau.

L’exposition est à retrouver à la Galerie Arte-Fac au 50 Avenue Hippocrate, 1200 Bruxelles. Elle s’y tient jusqu’au 3 novembre.