Anne-Marie Gaignard était considérée comme « nulle » en orthographe dans son enfance.  Elle savait à peine écrire et chaque mot était mal orthographié.  À 36 ans, elle a découvert qu’elle n’est pas dyslexique mais dysorthographique. Elle a dépassé ses difficultés et même trouvé plein d’astuces pour ne plus faire de fautes en français. Dans cette BD «Zazie sans fautes », ce sont ses astuces qu’elle partage.

Gao (de son vrai nom Olivier Gabrielle), le dessinateur du JDE, s’est vu confier la tâche de les mettre en images !

« On retient mieux une règle grâce à une image ou une histoire rigolote. Le défi est donc de partir d’une astuce d’Anne-Marie Gaignard et d’en faire un gag. C’est Jérôme Derache qui trouve le gag et je le mets en dessin.»

Quelle est la personnalité de Zazie  ?  
« J’exagère ses réactions. C’est une fille dynamique. Elle n’a rien d’une intello qui se trouve au premier rang de la classe. J’ai été libre de faire ce que je voulais pour les dessins. En revanche, pour le texte, tout a dû être validé par le Robert, à la virgule près !  Il s’agit de donner aux enfants des règles fiables en orthographe. Pour le Robert, qui édite aussi des dictionnaires, la publication de cette BD est une première. Cet album devait être aussi fiable que les dictionnaires! »

Dans cette BD, Zazie nous aide à voir clair, par exemple, dans les cas où l’on doit utiliser « leur » avec ou sans «s».
« Les règles doivent être comprises par les images. Quand on lit une BD, la première chose que l’on voit, ce sont les dessins. Si on associe le dessin à la règle orthographique, on retient facilement ! La meilleure page est, pour moi, celle qui traite du chiffre « cent ». Car même sans texte, elle serait comprise ! »


Avec cette BD, on est invité aussi à se créer des astuces en orthographe, non ?
« Oh oui, tout le monde peut le faire ! On hésite parfois entre « amende » (la contravention) et « amande » (le fruit). Il suffit de retenir que l’amende se paie en euros, qu’il faut donc un « e » ! Des trucs comme celui-là, Anne-Marie en a des milliers. »


Certaines pages racontent une histoire plutôt qu’un gag, pourquoi  ?
« On peut aussi expliquer l’astuce par une histoire. C’est une façon de donner un autre rythme à l’album. 45 pages de règles, ce serait peut-être un peu trop lourd mais, en variant, cela relance la lecture et cela crée de la surprise. Il y a aussi des pages « round » qui sont plus légères avec une autre mise en page et une règle expliquée autrement. Tout doit être compris facilement par un enfant, chaque mot est pesé, réfléchi. » 


Y aura-t-il d’autres albums  ? 
« Oui, je travaille déjà sur le second tome. Le premier tome de la BD est paru début juillet et il y a déjà eu des rééditions. Cela fait 15 ans que je travaille pour le JDE et je réalise que cette BD est aussi destinée aux enfants ! C’est génial, je vais pouvoir aller à la rencontre des enfants dans les écoles. (rires)


Anne-Marie Gaignard, ancienne dysorthographique, partage ses trucs pour écrire sans fautes

Anne-Marie Gaignard, cancre devenue pédagogue: «J’ai transformé la grammaire en conte de fées pour enfants et moi-même».

Anne-Marie, cette dysorthographie dont vous souffrez, vous vous en êtes sortie il y a quelques années. Une méthode a suivi, qui a fait ses preuves.

« Il me faut 14 heures pour remettre un élève sur les rails. Depuis 18 ans, je suis mécanicienne, je répare les mots et les usages. Zazie fait partie des moyens pour remonter le capital mots qu’un élève doit maîtriser à la sortie des primaires. En France, on parle de 18000 mots, force est de constater qu’en moyenne les élèves n’en ont intégré que la moitié! »

Votre scolarité fut donc un enfer?

« J’écrivais comme j’entendais, je ne m’en rendais pas compte. Je ne savais pas lire, j’ânonnais. J’écrivais « bonne anniversaire », « saldo » au lieu de « salle d’eau ». Mais quand l’institutrice posait les yeux sur mon travail… On disait que je ne m’étais pas relue, alors que je l’avais sans doute fait bien plus que les autres. »

Votre difficulté a eu un impact sur votre santé?

« J’allais en crever, la honte me détruisait. J’étais au stade de l’anorexie mentale. Chaque nuit, je ne trouvais pas le sommeil, il me fallait un miracle. Je voulais m’enterrer dans le jardin, ne sortir que la nuit quand personne ne pourrait me voir. Aujourd’hui, on a mis un mot sur ça: la phobie scolaire. Après l’école, je suis devenue commerciale. J’étais une vendeuse performante mais j’étais obligée de faire relire mes courriers. J’allais en dépérissant. J’ai eu un déclic lors d’une nouvelle hospitalisation. Le psy m’a dit: “Si vous ne vous faites pas une promesse pour vivre, vous mourrez dans les 24 heures!” »

Et?

« J’avais 34 ans. J’ai sorti tous mes cahiers de la CP (cours préparatoires) à la terminale. Je les ai éclatés sur un tableau et j’ai transformé la grammaire en conte de fées pour enfants et, avant tout, pour moi-même. »

(merci à Alexis Seny pour cette vidéo de Gao et cette interview d’Anne-Marie Gaignard)