Quand as-tu commencé à faire du rap ?

Mon grand frère écoutait beaucoup de musique. Mais l’écriture et le fait d’en fait une vraie activité, c’est grâce aux conseils d’un prof de français en deuxième secondaire. Il m’a dit : « Tu devrais te mettre à écrire ».

Le rap est de plus en plus diversifié. Qu’est-ce qui compte, à tes yeux, dans celui que tu proposes ?

Je pense que c’est une belle chose de diversifier. On ne se met plus de barrière et chacun peut trouver le style qui lui convient. Moi, le rap m’aide à avoir des rêves et à les accomplir. J’espère inspirer les plus jeunes à suivre eux aussi leurs rêves, de musique ou d’autre chose.

Qu’est-ce qui te plaît le plus? Faire de la scène, écrire, enregistrer ?

Pendant longtemps, j’aurais répondu que c’est la partie écriture. Ça a occupé une place importante, ça m’a beaucoup aidé à mettre des mots que j’avais en tête. Mais la scène a pris le pas. Il y a eu de plus en plus de concerts, de monde, d’artistes que je croise en coulisses. Et aujourd’hui, c’est ce qui me botte le plus. C’est l’effet magique de la scène, c’est difficile à décrire.

Maxime Lorand

Dans Azero, tu dis : « ça fait 10 ans que je rappe, il est temps qu’je fasse de l’oseille ». Tu ne vis pas du rap ? 

J’ai écrit ce morceau il y a un an et demi. Et depuis, j’ai commencé à collaborer avec une maison de disque. Donc, je vis de ma musique depuis septembre. Mais pendant longtemps, c’était une passion et je n’arrivais pas à aller plus loin. Il faut dire que j’allais à l’école, en parallèle…

Comment écris-tu tes morceaux ? Tu les écris avant que la musique soit composée ?

J’aime beaucoup recevoir des musiques instrumentales que j’écoute en marchant ou en prenant les transports. Je vais faire une heure à pied, avec les écouteurs dans les oreilles, et j’écris. Mais ça ne se passe pas toujours forcément comme ça. Le nerf de la guerre, c’est d’avoir de l’inspiration. Et pour ça, je lis, j’écoute, je regarde des films, je discute avec les gens…

Qu’est-ce qui est essentiel ? Le sens des textes ou la musicalité, le rythme, le son des mots ?

Pour moi, c’est le texte qui prime sur la musicalité. Maintenant, il faut que ça s’allie avec la musique. Mais j’aime bien le côté spontané donc je ne suis pas du genre à retravailler au millimètre près. Donc, parfois, après, je vois des défauts dans mes morceaux, mais ce n’est pas grave si ce n’est pas parfait, c’est un moment capturé comme ça.

On peut rapper sur n’importe style de musique, selon toi ?

Techniquement, oui, mais on a tous son univers musical. Il y a des styles avec lesquels je suis plus à l’aise.

Tu as fait ou tu vas faire des premières parties de concerts de Scylla, Gaël Faye ou IAM, notamment. C’est un honneur, un challenge, une chance ou une frustration parce que c’est très court ou parce que tu rêverais d’être la star principale ?

Honnêtement, c’est un honneur parce que ça veut dire que tu as la confiance de l’artiste qui pense que ça peut coller avec son public. Ouvrir le concert de vedettes que j’écoutais petit, c’est gratifiant. En plus, ça permet à un public de me découvrir, et de plus en plus de gens me suivent. Et puis, c’est une pression, je dois être à la hauteur et c’est un challenge que j’aime bien.

Un de tes morceaux s’appelle Le rap est mort ! Vraiment ?

Je ne pense pas, non. Je termine la chanson en disant qu’il a changé, et que je suis très fier de ce qu’il est devenu. C’est la musique la plus écoutée aujourd’hui alors qu’au début, c’était très marginal.

Dans Bic rouge, tu t’en prends aux profs ! Des mauvais souvenirs?

Oui. En réalité, c’est un morceau qui ressort de mon vécu, de quand j’étais à l’école mais aussi de plein de gens autour de moi. Ça ne s’adresse pas à tous les profs mais j’en ai connu quelques-uns qui ont eu une influence néfaste. Je pense que le rôle des profs est primordial. J’en ai eu qui m’ont aidé à devenir ce que je suis aujourd’hui. Ils peuvent donner l’ambition, faire grandir, mais ils peuvent aussi, avec des mots mal placés ou des attitudes, détruire des jeunes ou briser leurs rêves.

Tu donnes des ateliers d’écriture dans des classes, des prisons, des centres psychiatriques… Qu’est-ce que ça leur apporte, d’écrire du rap ? 

Je pense que ça apporte énormément de choses. Ça dépend de la personne ou de l’enfant, de son vécu. Mais c’est un moyen d’expression qui est assez éloigné de ceux qu’on a d’habitude. Et comme je suis externe, je ne représente pas une autorité, un prof, un éducateur. Donc, ça leur permet de se lâcher. Je pense à un atelier dans une institution psychiatrique. Un jeune m’avait demandé de ne pas respecter les consignes que j’avais données, avec des mots précis à placer, et il a écrit un texte hyper touchant sur son vécu. La psychologue, qui le suivait depuis deux ans, m’a dit qu’il n’avait jamais abordé une série de sujets qu’il avait exprimés dans son texte.

Tu écris ou tu voudrais écrire autre chose ? Un livre ? Des scénarios de films ?

J’aimerais beaucoup. Tout petit, je crois que je voulais écrire des nouvelles, des fictions. A 12 ans, j’avais même écrit un petit roman de 100 pages. En tout cas , si un jour, la musique prend fin, l’écriture, elle, ça ne s’arrêtera jamais !