Qu’est-ce qui fait qu’on accepte de jouer dans un film? Pourquoi avoir dit «oui» pour celui-ci?

Audrey Lamy: On attend de voir l’histoire. Ici, l’idée de tourner Le Petit Nicolas nous a séduits parce que c’est un classique, et puis l’histoire nous a touchés. Ce sont des personnages attachants.

Le fait qu’il y ait beaucoup d’enfants, ça change quelque chose pour le tournage?

Audrey Lamy: Les enfants s’épuisent vite et ça risquait d’être compliqué. Mais ils étaient motivés, bien coachés, ils s’amusaient. C’était top.

Est-ce que vous pouviez improviser un peu devant la caméra, ou vous deviez tout connaître par cœur?

Jean-Paul Rouve: Avec Julien, le réalisateur, tout est écrit de façon très précise. Et puis, c’est un film d’époque, on est dans les années 60. Donc, on doit respecter les éléments de langage de cette époque. Audrey, elle maîtrisait à fond. Moi, parfois, je changeais un mot et Julien me reprenait parce que ce mot avait un autre sens à l’époque, ou n’était pas utilisé.

Ilan, ce n’était pas ton premier rôle au cinéma, alors que tu es encore jeune! Tu as quel âge?

Ilan Debrabant: J’ai 10 ans. Ce n’était pas mon premier film mais dans celui-ci, c’était trop cool parce qu’il y avait plein d’enfants. Et puis l’histoire, les décors des années 60, c’était trop stylé!

Si l’histoire avait été imaginée à l’époque actuelle, ce serait différent? En quoi?

Ilan Debrabant: La maman, le papa seraient différents. L’argent, ce serait des euros. Et puis, les écoles ont changé, les voitures, les décors… Ce serait très différent.

Les parents du petit Nicolas sont très différents des parents actuels?

Jean-Paul Rouve: La société a changé mais les papas restent les mêmes, je crois. Des papas comme lui, qui restent un peu enfants, j’en connais plein… dont moi. Je pense même qu’aujourd’hui, les pères sont plus comme ça qu’avant.

Audrey Lamy: La maman du Petit Nicolas ne travaille pas, elle s’occupe de son mari, de l’éducation de son fils, du ménage… mais elle a du caractère, elle n’est pas bobonne, elle ne se laisse pas faire. C’est une femme moderne, avec ses trouilles, ses complexes, sa peur de ne pas être à la hauteur.

Ilan, quand tu as vu le film terminé, il était comme tu l’avais imaginé pendant le tournage?

Ilan Debrabant: Non! Il était encore mieux! Il y avait la musique, le montage… Et puis, on avait filmé les scènes du film dans le désordre, donc on n’avait pas une idée claire de ce que ça donnerait.

Ce film est familial ou plutôt pour enfants? Qu’est-ce que les adultes peuvent y trouver?

Jean-Paule Rouve: Pour moi, c’est familial, comme les bouquins, que je relis encore maintenant. Je trouve que Julien a réussi à ajouter une dimension sur le temps qui passe, qui touche les adultes. Souvent, dans les films familiaux, il y a différents niveaux de lecture: les adultes comprennent certaines choses que les enfants ne perçoivent pas. Ici, tout le monde comprend la même chose, partage les mêmes émotions.

Ce qu’en dit le réalisateur…

Julien Rappeneau, imaginer et réaliser un film à partir d’un univers qui existe déjà, c’est plus facile que de créer une histoire à partir de rien?

La facilité, c’est que vous avez déjà des personnages. Tout le travail, c’était d’inventer une histoire originale pour le cinéma, parce que dans les livres, ce sont des petites nouvelles de deux ou trois pages. Et puis, la difficulté, c’était de respecter l’esprit de l’oeuvre et le ton. Il n’était pas question de changer l’époque, par exemple, donc on reste dans les années 1960. Et puis Anne Goscinny, la fille de René Goscinny, a lu le scénario pour vérifier si on ne trahissait pas l’oeuvre de son père.

Si l’histoire avait été imaginée à l’époque actuelle, ce serait différent? En quoi?

D’un point de vue émotionnel et de situation, beaucoup de choses seraient les mêmes. Les problématiques que vivent les personnages seraient identiques. Par contre, la façon d’affronter et de résoudre les situations serait différente parce que la technologie a changé, le téléphone portable a bouleversé les communications et la temporalité des choses. Mais je pense qu’au niveau des émotions, on resterait proches, et c’est pour ça, je pense, que les adultes et les enfants d’aujourd’hui se laissent embarquer dans le film.

Combien de temps a duré ce tournage?

Onze semaines. C’est long mais quand vous tournez avec des enfants, vous avez des journées plus courtes, parce que vous ne pouvez pas les faire travailler trop d’heures, c’est la loi.

Tourner avec des enfants, c’est particulier?

C’était excitant et compliqué. J’ai touché du doigt ce que devait être le métier d’instituteur. Quand ils étaient 25 dans la classe, par exemple, tous excités et joyeux, c’était compliqué parce qu’ils perdaient leur concentration. C’est long, les tournages, parce qu’il faut le temps que les choses se mettent en place. Donc, là, il y avait parfois un chahut. Mais ce qui était très agréable, c’était de voir l’amitié qui s’est créée entre ces enfants qui ne se connaissaient pas. Or, l’amitié est au centre du film.