Marine Moyaerts, psychologue pour enfants, explique: «Quelque chose est arrivé, auquel on ne s’attendait pas; on a eu de l’effroi, de la peur, et on ne pouvait pas dire comment ça allait se passer… Après ça, l’enfant peut sentir dans son corps que quelque chose ne va pas. On peut parler de traumatisme

Un traumatisme peut-il avoir des effets pendant longtemps? «Les inondations ont été de courte durée, mais il y a des dégâts. Et l’enfant peut avoir des souvenirs qui lui reviennent, revoir des images, réentendre des sons, faire des cauchemars…»

Se poser et respirer

Un premier conseil? «Même si les adultes sont dans l’action, très occupés, l’enfant peut demander à un proche de l’aider à se poser 5 minutes. Se poser et respirer profondément, c’est important. En fonction de l’enfant, on peut se regarder dans les yeux, ou se prendre les deux mains, assis face à face, pour se réancrer dans le présent, se rassurer.»

Retrouver la sécurité

Au fil des jours, est-ce qu’on ira mieux? «La maison, c’est normalement un lieu de sécurité. Quand on n’a plus de maison, on ne se sent plus en sécurité. Mais les familles sont relogées ailleurs. Et si elles doivent rester chez elles, il est possible de retrouver de la sécurité en faisant les choses différemment. On peut exceptionnellement dormir tous ensemble, se faire offrir des croissants le matin, trouver ce qui fait du bien. Si on a besoin de plus d’écran pour être en lien avec les autres, c’est OK pour un moment. Et puis, en voyant les choses se reconstruire, quand on a de l’aide, des amis, on se reconstruit aussi. Les choses seront différentes, mais elles sont réparables. »

Parler?

Est-ce que l’enfant doit dire ce qu’il ressent, au risque de faire pleurer ses parents? «L’enfant n’a pas à se sentir coupable des émotions de ses parents; ça leur appartient, c’est leur bulle. Si l’enfant dit ses émotions, l’adulte peut comprendre et essayer de répondre à ses besoins. Ça peut être retourner dans les bois, ou aller à la mer; ça fait du bien. Certains enfants auront besoin de câlins, d’autres pas. Et puis, se sentir compris mène à l’apaisement. »

Et si c’est trop difficile à dire? «On va exprimer son ressenti avec le corps. L’agressivité, la tristesse, la colère sont des énergies qui pourront sortir en cris, en coups dans un coussin, par exemple. Il y a aussi des enfants qui n’ont pas besoin de parler, ce n’est pas grave. Il ne faut pas insister. Parfois, les mots viennent plus tard. »

Si on n’a pas été inondé

Peut-on se sentir triste ou inquiet rien qu’en ayant vu les images? «Oui. Si c’est le cas, il faut en parler à un adulte qui accepte d’écouter. C’est important de parler parce que sinon, on s’invente des choses dans la tête qui sont pires que la réalité. Il faut voir aussi le positif: les aides, les gens qui sont relogés… Et, si on veut, si ça fait du bien, on peut agir: aider, donner des choses, écrire un message… »