Le slam? C’est comme un rap sans chanson. Voilà comment une élève définit le slam. Dans cette classe de 6e primaire à Uccle, à l’école fondamentale libre Saint-Paul-Regina, l’atelier d’écriture de slam va commencer. Il est animé par Julie Antoine, une artiste envoyée par la Roseraie, un théâtre qui a décidé de proposer des «bulles d’art» (des activités artistiques) aux écoles, en ces temps de covid.

Dans cette classe, deux élèves sur trois écoutent du rap. En une séance, Julie Antoine les a convaincus de l’intérêt de s’exprimer en slam! «En slam, c’est la personne qui écrit le texte qui le dit, explique une élève. Et l’exprimer en rythme, ça vient tout seul. Peut-être parce qu’on écoute déjà du rap. On aime cette ambiance.»

Et le sens des mots? «Si un rappeur parle japonais, je m’en fous, dit un élève. C’est le rythme!» Un garçon n’est pas d’accord: «On ne peut pas dire n’importe quoi!»

À quoi servirait le slam?

«On pourrait utiliser le slam pour en faire des leçons pour apprendre aux enfants. On leur parlerait du monde», dit une fille. Une autre élève ajoute que le slam pourrait donner une morale à une histoire ou montrer une personnalité.

Les enfants expliquent qu’ils ont aussi besoin de s’exprimer, même si dire ce qu’ils ressentent au fond d’eux est secret, à partager uniquement avec leurs amis ou parfois leur famille. Et tous préfèrent dire ce qu’ils ressentent par écrit.

Julie Antoine va réaliser deux séances dans leur classe. Lors de la première, elle a invité les élèves à jouer avec les mots. Ceux-ci ont écrit leur texte. «On a tous notre texte en tête! On devait se présenter avec notre nom, notre animal préféré, notre couleur… Mais on a le droit de changer la consigne! Le dire doit durer au maximum 3 minutes.»

Cette séance va permettre aux enfants de slamer. Une élève est impatiente, le slam lui enlève sa timidité.

Slamer, oui mais comment?

«Le slam, c’est une poésie, explique Julie Antoine. La chanson, on la fait soi-même en parlant. Mais en slam, les mots doivent claquer. Il ne s’agit pas de crier, d’élever la voix mais de donner les mots en les claquant. Il faut qu’ils arrivent jusque dans la tête et le cœur de celui ou celle qui écoute.»

Julie emmène la classe dans un travail intense d’écoute et de création. Il est question d’association d’idées («Je dis un mot, ça me fait penser à un autre mot.»)

À cinq, devant le tableau de la classe, les enfants font claquer les mots et découvrent le rythme ainsi créé. Ensuite, ils se servent de ce rythme pour inventer, par deux cette fois, un minidialogue, question-réponse. Ils reviennent ensuite le présenter à la classe. C’est un travail qui mobilise leur attention et exige de la précision. Mais il n’y a pas de doute… ça leur plaît!