Vers 1139, c’était une terre riche. Les chevaliers y étaient courageux, le peuple vivait heureux. Mais apparut un terrible monstre, une sorte d’immense dragon couvert d’écailles dures comme du métal. Ses mugissements terrorisaient la région. Sans cesse affamé, il dévorait bêtes et gens, jusqu’aux portes mêmes de la ville de Mons. Personne n’osait plus sortir. De grands seigneurs promettaient des récompenses magnifiques à celui qui délivrerait le pays. Mais personne n’osait affronter l’animal.

Les habitants étaient terrorisés.

Un jour, entendant mugir la bête, Gilles de Chin, un jeune chevalier courageux, n’y tint plus: «Je la combattrai, dit-il, foi de chevalier! Le peuple ne souffrira plus longtemps de ce fléau. J’ai la réputation d’être brave; le moment est venu de prouver que je la mérite!»

Il entraîna son cheval et composa une meute de chiens que rien n’arrêtait. Une fois prêt, il partit vers le repaire du monstre, une colline boisée au pied de laquelle s’ouvrait une grotte. Le monstre, tout juste éveillé et affamé, poussait un rugissement terrible. Gilles sentit un frisson glacer son corps, mais il se domina. Le dragon l’avait aperçu. Le combat commença, cruel et violent.

Cela dura longtemps sans que ni l’un, ni l’autre des adversaires ne recule. Mais Gilles désespérait. Beaucoup de chiens avaient été tués; lui-même n’avait échappé que de justesse aux griffes du monstre. Mais il n’abandonna pas. L’idée d’être délivré de ce cauchemar lui donnait du courage. Mais en vain! Le dragon ne sentait pas les coups de lance et le fer glissait contre les écailles protectrices sans les entailler.

Soudain, tandis qu’il se préparait à charger, le chevalier vit surgir devant lui une jeune fille tout de blanc vêtue. Elle avançait, portant une petite lanterne à la main, sans se soucier de la présence du monstre.

Prenez garde, cria Gilles, la bête vous dévorera!

Elle le remercia d’un sourire et jeta devant lui un fagot d’épines.

Donnez-lui ceci en pâture, fit-elle.

Gilles, de la pointe de sa lance, enfourna le fagot dans la gueule du monstre. Celui-ci recula, referma ses mâchoires, rugit de douleur, les rouvrit pour échapper aux pointes qui pénétraient dans son palais et resta un instant stupéfait, la bouche béante.

Avant qu’il ne fût revenu de sa stupeur, la jeune fille s’avança calmement et, de la flamme de sa lanterne, mit le feu au fagot. Puis, sans mot dire, disparut. Le dragon, paralysé par la douleur, rugit terriblement. Gilles, profitant de son désarroi, lui plongea sa lance dans le cœur et dans une terrible convulsion, le monstre expira.

Toute sa vie durant, Gilles de Chin fut l’objet de la reconnaissance du peuple du Hainaut.

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