Connaissez-vous le vaquita? C’est le cétacé le plus menacé de la planète. Ce mammifère ressemble à un dauphin, mais n’en possède pas le «bec» très caractéristique. Gris sur le dos, blanc au niveau du ventre, il possède des taches plus sombres autour des yeux et de la bouche. Ce marsouin du golfe de Californie pourrait disparaître complètement de la planète puisque l’on sait qu’il en reste moins de trente individus. Et la mer de Cortez, qui est la mer du golfe de Californie (voir carte), est son dernier lieu de vie.

La principale menace pour le vaquita, c’est d’être étouffé, pris au piège dans des filets de pêche illégaux (interdits par la loi). Cela peut lui arriver quand des braconniers lancent de vastes filets pour attraper le totoaba, un poisson, également en voie d’extinction, mais très recherché car vendu pas moins de 3 500 euros le kilo en Chine. En pareil cas, d’autres espèces peuvent être prises dans les filets, dont le vaquita.

Les autorités mexicaines sont conscientes de la menace qui pèse sur les vaquitas. Pour trouver une solution, elles ont fait appel depuis deux ans à Sea Shepherd, une organisation de protection des océans. Elles lui ont demandé de les aider à retirer ces filets de pêche illégaux, posés au fond de la mer et laissés là 24 heures sur 24… Sea Shepherd se joint à l’association mexicaine de protection de l’environnement (PROFEPA).

Alerté il y a 9 ans

François Van Sull connaît bien le sujet. Ce jeune Belge a découvert il y a neuf ans les massacres que subissent certaines créatures des océans. Il a suivi depuis lors le travail de Sea Shepherd. Depuis le mois de mars, il a rejoint la mission «milagro» (miracle, en espagnol) de Sea Shepherd dans le golfe de Californie… Il raconte que c’est en 4e primaire, pour un travail d’école, qu’il est tombé sur un article qui parlait de Sea Shepherd.

«J’étais heureux de savoir que certains se bougeaient et intervenaient physiquement pour stopper les braconniers. J’ai vite su que je rejoindrais Sea Shepherd («le berger des mers») dès que possible.»

François rencontre des volontaires de Sea Shepherd, lit beaucoup, apprend à naviguer, acquiert plus d’une centaine d’heures de mer, passe ses permis de navigation de plaisance, d’opérateur radio maritime, obtient un brevet de plongée…

«Début janvier 2018, un peu moins d’un mois avant mes 18 ans, j’ai reçu confirmation que j’étais accepté à bord d’un des navires de la flotte de Sea Shepherd. Les équipages sont très variés! Pour donner un exemple, quand j’ai rejoint le bateau nous étions 13 membres d’équipage de 11 nationalités différentes. Il y avait 50 ans d’écart entre le plus jeune (moi) et le doyen et les connaissances maritimes à bord allaient de personnes n’ayant jamais mis les pieds sur un bateau à d’autres comme le capitaine ou le chef mécanicien qui sont certifiés pour travailler sur n’importe quel type de navire.»

Comment devenir membre d’équipage?

Il faut poser sa candidature (tout le monde n’est pas accepté), être majeur (avoir 18 ans), savoir parler anglais et être passionné par la protection des océans.

« En fait, peu de personnes sont payées au sein de Sea Shepherd. Selon moi, c’est une bonne chose car cela garantit que les membres d’équipage soient des passionnés et cela permet également d’investir plus dans les actions directes menées par Sea Shepherd. Je suis donc membre d’équipage du Sharpie, un ancien patrouilleur des garde-côtes américains, de 34 m de long et équipé de deux puissants moteurs diesel lui permettant d’atteindre des vitesses proches de 30 nœuds (un nœud, c’est 1,852 km/h).»

Le Sharpie a rejoint deux autres bateaux de Sea Shepherd, le Farley Mowat et le John Paul De Joria. «Le travail des navires est assez simple. Trouver les filets posés illégalement et les retirer de l’eau pour les détruire et les faire recycler. À bord, je suis majoritairement matelot de pont mais je suis également quartier-maître (personne qui seconde les officiers lors des quarts à la passerelle. Sur un bateau, la journée est souvent découpée en 6 quarts,- périodes de quatre heures-, par tranche de 24 h) et pilote du zodiac embarqué à bord. Nos journées sont longues mais efficaces. Chaque jour, ce sont plusieurs filets qui sont retirés de l’océan et que les braconniers ne pourront plus utiliser. Cela crée d’ailleurs des tensions. Nous avons en permanence des agents de la marine mexicaine et de la police fédérale armés à notre bord pour notre protection. Quoi qu’il arrive, les équipages de Sea Shepherd ne baisseront pas les bras et, selon moi, la campagne ici va durer jusqu’à ce que le braconnage disparaisse dans la zone.»