Un Wallon sur deux dit manipuler son téléphone en traversant la route comme piéton et cette pratique est courante aussi à vélo ou en trottinette. C’est une nouvelle étude de l’AWSR (l’agence wallonne pour la sécurité routière) qui le révèle.

En mars dernier, 1 032 Wallons ont été interrogés sur leur utilisation du smartphone quand ils se déplacent. Une personne sur deux a dit manipuler son téléphone en traversant la route.

« Je ne peux pas vous dire l’âge des personnes interrogées, explique Belinda Demattia, de l’AWSR. Mais ces 1032 Wallons étaient représentatifs de la population. Il y avait donc des personnes de tous âges. Et d’une manière générale, quand on pose des questions sur l’utilisation du téléphone, on voit que les jeunes 18-24 ans sont ceux qui utilisent le plus. Mais on n’a pas interrogé de mineurs (jeunes de moins de 18 ans). »

La traversée de la route est en soi un moment compliqué

« La traversée d’une route est un moment critique. Car c’est là que l’on est en contact avec des véhicules motorisés. Traverser ça nous semble simple mais pourtant mais, en réalité, c’est compliqué. Car on fait plein de choses quand on traverse. On perçoit le trafic, on évalue la vitesse des véhicules et le temps que l’on va mettre pour traverser, on choisit un endroit, on regarde les feux… Et l’on doit combiner toutes ces informations pour prendre la décision de se lancer. Et si l’on fait autre chose en même temps, comme par exemple surfer sur les réseaux sociaux, on va venir interférer avec ce processus et on risque de prendre les mauvaises décisions. »

Le comportement du piéton avec son téléphone est différent

« On voit que les piétons qui téléphonent, en général traversent plus lentement et plus souvent alors qu’un véhicule approche. Ils vont moins bien estimer qu’ils ont le temps de passer ou pas et malheureusement ça peut mener à un accident qui sera toujours plus grave pour le piéton. »

En traversant avec leur téléphone comme piétons, certains écrivent un message

« Plus de neuf fois sur dix, c’est pour répondre au téléphone. Et c’est la même chose aussi pour les personnes qui conduisent une voiture. Viennent ensuite le fait de lire (83%) ou d’écrire des messages (76%) et de surfer sur internet (69%), des habitudes qui, en plus de provoquer de la distraction, détournent également le regard du trafic. »

Un Wallon sur deux dit manipuler son téléphone en traversant la route.

Est-ce interdit par le code de la route de téléphoner en traversant ?

« Non actuellement le code de la route n’interdit pas formellement l’utilisation du téléphone en traversant la route. Maintenant si un piéton se met en danger, provoque un accident, commet une infraction comme, par exemple, traverser alors que le feu est rouge, il pourrait quand même recevoir une amende. Mais il faudrait qu’un policier en fasse le constat au moment-même. Mais surtout ce piéton se met en danger et c’est pour cela qu’on veut le convaincre de ne pas le faire. »

Est-ce différent quand on se déplace à vélo ou en trottinette ?

« Ce n’est pas comme lorsque l’on est à pied. On conduit un véhicule quand on roule à vélo ou en trottinette. Donc on est soumis aux mêmes règles que des conducteurs de voitures. Il est interdit d’utiliser son téléphone en le tenant en main. C’est interdit et ça nous met en danger. Et ça met en danger les autres, comme des piétons notamment. »

Et le casque ou les écouteurs ?

« On est nombreux à avoir pris l’habitude de se déplacer avec un casque ou des écouteurs pour écouter de la musique ou un podcast. C’est aussi un souci, car cela nous coupe de la circulation, surtout les casques anti-bruit qui sont équipés d’un réducteur de bruits. On entend alors seulement le son que l’on a envie d’écouter. Cela nous coupe du bruit d’un klaxon, du cri d’un piéton,… Or, tous ces bruits sont nécessaires pour se déplacer en sécurité et ça risque de mener à des accidents. Peu importe le moyen de transport que l’on utilise, on doit vraiment resté connecté à la route. En plus ces casques anti bruit nous donne la sensation d’être coupé du monde et nous amener à être moins vigilants d’une manière générale. On n’est plus du tout concentré sur la route. »

Pourquoi ne change-t-on pas le code de la route ?

 » Dans les faits, c’est vrai que l’on pourrait interdire le téléphone pour les piétons, même si cela semble un peu extrême. Mais quand on met une règle, c’est important de la faire respecter. Pour cela, il y a deux moyens, la sensibilisation et les contrôles de la police. Or, c’est assez compliqué de mener tous ces contrôles auprès des piétons, cyclistes, trottinettistes… pour vérifier cela. On devrait poster des policiers à tous les passages pour piétons, ce n’est pas envisageable. Déjà en voiture, c’est une infraction qui est difficile à contrôler. Donc on mise plutôt sur la sensibilisation. »