Des champignons pour isoler les maisons, vraiment ?

C’est à Bruxelles, dans les caves situées sous le site de Tour & Taxis, que Permafungi a décidé de s’installer. L’entreprise s’est spécialisée dans la culture de champignons, des pleurotes précisément, qu’elle revend ensuite à divers acheteurs. Mais depuis 2019, elle s’est aussi lancée dans un projet beaucoup plus innovant : la construction de mycomatériaux, des matériaux fabriqués à partir de champignons.

Ces mycomatériaux, Permafungi en fait des panneaux d’isolation pour les maisons, des abat-jours pour les luminaires, ou encore des emballages de produits. Dans le futur, l’entreprise voudrait que les mycomatériaux puissent remplacer complètement le plastique.

Mais concrètement, comment fabrique-t-on ces panneaux d’isolation ? Le JDE s’est rendu dans les locaux de permafungi où Julie, qui s’occupe de la communication de l’entreprise, nous a offert une visite guidée.

De la culture de champignons…

Sans Julie, nous nous serions certainement perdus dans cet immense sous-sol de Tour & Taxis ! Heureusement, à ses côtés, nous arrivons finalement à bon port. Nous sommes dans des caves, la première salle que nous fait visiter notre guide s’appelle la salle d’incubation.

C’est dans cette salle que tout commence. Enfin, presque. « Pour cultiver les champignons, on mélange du marc de café, de la paille pour aérer et de l’eau, on ajoute ensuite du mycélium (lire ci-dessous). Cela se fait en laboratoire, c’est ce qu’on appelle la phase d’inoculation. » Pour se développer et produire des champignons, le mycélium a besoin d’eau, d’oxygène et de nourriture.

Mystérieux mycélium

On appelle « champignon » le pied et le chapeau qui apparaissent à la surface. Mais le champignon ne se limite pas à ça ! Il est rattaché à une autre partie très importante : le mycélium. Un ensemble de filaments, enfouis sous la terre et qui permet au « champignon » de pousser.

On peut alors passer à la phase, d’incubation. Le mélange est réparti dans des sacs suspendus dans une pièce très sombre et assez chaude. « Et puis, on attend deux semaines environ », explique Julie. Durant cette phase d’incubation, le mycélium va se nourrir du marc de café : le mélange devient blanc. Quand ce dernier n’aura plus de nourriture, on pourra passer à la phase de fructification.

Cette étape se fait dans une autre salle. Le mélange y subit un choc : il y a de la lumière vive, il y fait plus froid et humide. Les champignons vont commencer à pousser…

« Cela prend environ 5 jours. Pour les aider à bien grandir, on fait des incisions (coupures) sur les sacs. » Il n’y a plus qu’à les cueillir.

Lorsque le mélange a permis trois fructifications (poussées de champignons), on peut passer à la transformation en panneaux d’isolation !

… aux mycomatériaux pour l’isolation des maisons

Comment ces champignons finissent-ils par isoler les maisons ? Le mélange qui a servi à faire pousser les champignons est réutilisé. Nettoyé, effrité, on y ajoute à nouveau du mycélium, et on le laisse incuber. Mais une fois cette phase terminée, on ne laisse pas pousser les champignons ! On va verser le mélange dans des moules et le mettre à sécher. Pour faire des panneaux d’isolation, on utilise des moules plats rectangulaires.

En séchant, le panneau devient de plus en plus blanc: c’est le mycélium qui s’est répandu, il a mangé toute la nourriture disponible.

Le résultat s’approche beaucoup visuellement et au toucher de la frigolite, « et il présente une croûte, un peu comme celle du camembert ou du brie », note Julie Jacqmain.

On peut aussi en faire des abat-jour, il suffit pour cela de choisir une autre forme de moule.