Quels étaient vos objectifs en organisant ce voyage de 10000 km à vélo ?

On voulait vivre un moment en famille, à vélo pour que tout le monde soit acteur du voyage et soit autonome. On voulait aussi montrer une partie du monde aux enfants.

Vous êtes passés par la France, l’Italie, le Monténégro, la Croatie, la Slovénie, la Bosnie, l’Albanie, la Grèce, le Laos… Quels pays allez-vous encore découvrir ?

On va aller en Australie, au Japon, au Danemark, en Suède, en Allemagne et en Hollande.

Vous roulez tous les jours ?

De temps en temps, on fait une pause d’un ou deux jours. Sinon, on roule entre 40 et 70 km par jour et ça prend environ 5 heures. Parfois, il faut plus de temps s’il y a plus de reliefs.

Vous transportez tout sur vos vélos ? Ce sont des vélos électriques?

On transporte tout dans nos sacoches, sur nos vélos, qui ne sont pas électriques. On a de quoi faire à manger, de quoi dormir, deux tentes, des vêtements…

Les chemins ne sont pas toujours plats ! Comment sont les routes ? Qu’est-ce qui est le plus compliqué ?

Le plus compliqué, c’est surtout les chemins pourris en sable ou en graviers, et quand ça monte très fort. Les reliefs, c’est difficile, mais on arrive toujours en haut, on s’entraide, et on est toujours récompensés par les paysages.

Vous avez déjà eu beaucoup de pannes, de crevaisons, de chutes ?

On a eu quelques petits pépins, une quinzaine de crevaisons. Mais c’est peu, sur 5000km ! On a eu quelques petites chutes avec des égratignures, mais pas grand chose. Et la roue de Léon s’est cassée en Grèce au fin fond d’une plage, loin de tout. Une famille belge qui était en mobilhome dans la même région est venue le chercher et on a soupé ensemble. On fait aussi des très chouettes rencontres entre voyageurs.

Comment faites-vous pour garantir votre sécurité au milieu de la circulation automobile ?

Ça dépend des pays. L’endroit où on a eu le plus de voitures, c’était la Croatie. Là, c’était dangereux. On était prudents, on mettait nos gilets fluo. Et on se met toujours en file dans le même ordre. Pour chaque pays, il nous faut quelques jours pour apprendre à comprendre comment les automobilistes conduisent. Ici au Laos, on pourrait croire que c’est dense et nerveux, mais en fait, tout le monde conduit sans stress ni énervement. Et tout se passe bien.

Où dormez-vous ?

On trouve des guesthouses, des campings ou des appartements, des hôtels ou on dort chez des gens, ou parfois dans leur jardin. On utilise aussi les réseaux warmshower ou welcomeinmygarden (réseaux de personnes qui accueillent gratuitement des cyclistes ou des voyageurs). On essaie de prévoir le logement deux ou trois jours à l’avance. Parfois, on ne trouve rien, alors on bivouaque discrètement au milieu de la nature. Et on dort alors à six dans la tente de quatre personnes. On ne bivouaque pas plus de deux ou trois jours, parce qu’on ne peut pas transporter pour plus longtemps notre eau et notre nourriture, et on doit pouvoir faire de temps en temps des lessives et prendre des douches.

Comment suivez-vous votre parcours scolaire ?

Louise: Maman nous guide dans certaines matières. Et tous les jours, un de nous doit écrire un compte-rendu de la journée. On apprend, on visite, on fait de la géographie, on découvre les climats….

Laurent: On a déclaré les enfants en enseignements à domicile. On a la liste des matières à voir. Et on avance petit à petit, deux ou trois fois par semaine pendant les pauses. Mais même en roulant, on calcule des moyennes, on voit de la physique de résistance… On a aussi une tablette et on apprend aux enfants à être autonomes pour apprendre.

Être tout le temps en famille, ça n’engendre pas de tensions ?

Ça va. Franchement, on avait peur, mais le vélo nous permet aussi de rester ensemble tout en étant seuls. On peut prendre nos distances…

Quels paysages vous ont le plus marqués jusqu’à présent ?

Octave (10 ans) : La Bosnie. C’était beau, avec toutes les montagnes.

Louise (14 ans) : Le Laos parce que c’est différent de l’Europe.

Henri (12 ans) : J’en ai en tête, mais je ne sais plus où !

Audrey : Il faut dire que la diversité et l’étendue des paysages sont fascinantes!

Un moment magique ?

Il y en a tellement ! La nuit en bivouac en haut d’une montagne, où on sort de la tente sous les étoiles en Bosnie. C’était magnifique. Ici encore, il y a deux jours, on a bivouaqué, on a vu les étoiles, il n’y avait personne. C’est magique d’être sous les étoiles comme ça !
Et puis, on est aussi séduits par les gens qui nous offrent des mandarines, qui nous disent bonjour, qui s’émerveillent de notre projet. La plupart du temps, on est bien accueillis. Surtout en Albanie et au Laos. Au Laos, dans chaque village, on a l’impression d’être des stars. Il faut dire que notre convoi de six vélos attire l’attention !

Ce que vous préférez ?

Les paysages, les rencontres avec les gens. Le fait d’être libres et de sentir les odeurs : les cultures de mandarines, la mer, les olives… On entend tout, on ressent tout : la chaleur, le vent… Et vivre en famille. C’est extraordinaire, de vivre tout le temps ensemble. Plus ça passe, plus on est convaincus.

Ce que vous avez découvert sur vous?

On a découvert qu’on était capables de faire ça, de gérer, d’avancer ensemble. Qu’on avait une certaine patience.

En fait, le plus difficile, c’est oser. Une fois qu’on ose, le fait d’avoir commencé, c’est déjà un succès. Même si on ne va pas jusqu’au bout.

Avez-vous parfois eu envie de rentrer et de tout arrêter ?

Non, jamais. On a des moments où le moral est plus bas, mais on se regroupe, on se soutient, on cherche et on trouve des solutions.

Ce voyage est-il en train de vous changer ?

Physiquement, oui. Les adultes ont maigri et les enfants ont pris du poids. On s’est musclés. Pour le reste, petit à petit, on intègre le fait qu’on vit des choses extraordinaires, qu’on voit plein de cultures différentes et qu’on se nourrit de ça. On débat ensemble de tout ce qu’on a en Belgique et qui n’existe pas ailleurs. On se rend compte, par exemple, qu’il faut peu pour être heureux. Au Laos, les gens sont pauvres mais ils sont souriants, enthousiastes. Les enfants vont sans doute revenir différents des copains qui sont restés assis tous les jours sur les bancs de la classe.

Louise (14 ans), Henri (12), Octave (10) et Léon (8) ont déjà pédalé plus de 5000 km avec leurs parents !

Le voyage de la famille sur Instagram : https://www.instagram.com/lespoloavelo/

On peut aussi les suivre sur: www.polarsteps.com/Lespoloavelo