La classe de madame Virginie nous accueille et est inspirée par le sujet du jour : la timidité. Les élèves enchaînent tout de suite les questions.

Qu’est-ce que la timidité ?

C’est un fonctionnement qui appartient à l’espèce humaine. L’être humain a envie d’être aimé, accepté. Et certaines personnes préfèrent se cacher plutôt que de risquer de se faire humilier. C’est le problème de l’ego : moi, moi, moi. Mais si on est soucieux du bonheur des autres et si on a envie de communiquer avec eux, pourquoi devrait-on être timide ? C’est quand on est soucieux de notre personne, qu’on compare, que la timidité commence à s’installer.

Est-ce que la timidité est une maladie ?

Non, ce n’est pas une maladie. C’est une expression d’une émotion qui prend trop de place par rapport aux autres émotions. C’est un symptôme lié à une croyance dans le cerveau, à un message qui dit « Fais attention, tu vas être jugé ».
Pourtant, si on met cela de côté et qu’on crée une relation avec les autres, on fait travailler une partie du cerveau qui s’appelle le néocortex préfrontal. On crée de l’empathie et il y a une hormone extraordinaire qui commence à être sécrétée dans le corps et qui s’appelle l’ocytocine. Grâce à elle, le cœur commence à ralentir, les muscles se relâchent, on respire mieux et le cerveau est capable de fonctionner plus facilement, d’être créatif. Plutôt que de dire « quelque chose de grave va m’arriver », il va voir le positif possible. Et on se sent mieux.

Est-on timide dès la naissance ?

Non, parce que le nouveau-né a besoin d’être protégé, aimé et nourri. Ce sont ses besoins. Il ne se préoccupe pas de juger et comparer. D’ailleurs, il ne pourrait pas. Le jugement et les comparaisons arrivent quand le cerveau a évolué. Et la timidité commence à partir du moment où on commence à se comparer.

Simon Orenbach
Dans la classe de Madame Virginie

Est-il vrai que les personnes timides parlent souvent dans leur tête ?

Oui, absolument. Si on est timide, c’est qu’il y a des informations qui passent en boucle dans la tête : « Je vais bafouiller, je ne serai pas à la hauteur, les gens vont se moquer de moi »… Et plus ces messages passent, et plus l’information devient dense.
Imaginons qu’il y a une rivière. L’eau circule toujours dans la même direction : « On va se moquer de moi, je serai humilié… ». Plus l’eau passe dans cette direction et plus le lit de la rivière sera profond. Donc, que faire ? Il faut dévier l’eau, l’information. Pour cela, il faut creuser dans une autre direction. On va se dire : « J’ai le droit de parler ! Pourquoi devrais-je me comparer aux autres ? Je suis unique… » Et puis au bout d’un moment, l’eau va se demander : « Où aller ? Vers la timidité, ou vers mes droits et mes valeurs ? » Et hop ! On peut corriger…

Avez-vous des trucs et astuces pour remédier à la timidité?

Pour vaincre la timidité, il faut comprendre comment le cerveau fonctionne.

Il y a trois grands endroits dans le cerveau.
Le premier, c’est le cerveau archaïque, reptilien. Lui, il s’intéresse à une seule chose : la fuite en cas de danger, sans réfléchir. Il n’y a pas d’émotion, là.
Le deuxième, c’est le limbique, dans lequel il y a énormément de mémoire et des émotions. Le volume, c’est pas plus grand que notre pouce. Pourtant, c’est là qu’on a énormément de mémoire et de souvenirs.
Le troisième cerveau, c’est le néocortex préfrontal. C’est lui qui est capable d’élaborer, de comprendre, de relativiser les choses…
Alors, comment ça marche?
« Ah! » (Simon crie fort et fait sursauter tout le monde)
Est-ce que vous avez pu retenir vos contractions musculaires et le sursaut? Non. Est-ce que votre coeur bat plus fort? Oui. Est-ce que vous avez pu comprendre quelque chose? Non ! Le reptilien ne comprend rien ! Il nous fait souvent sursauter, car en cas de danger, s’il faut prendre la fuite, il faut avoir de l’oxygène dans les poumons, de la tension musculaire, un rythme cardiaque plus élevé… On n’a pas le temps de réfléchir. Il faut réagir. C’est le rôle du reptilien.
Le limbique, c’est là où il y a les émotions et les souvenirs. Quand on est timide, l’information peut être tellement dense, là, que ça ne laisse aucune place à la réflexion.
Heureusement, nous avons le néocortex préfrontal. C’est là que la réflexion, la relativité vont se développer. Le néocortex va envoyer des messages au limbique, des messages qui vont l’apaiser. Du coup, on respire mieux, les muscles vont se détendre et le coeur va ralentir… et on sourit, on rayonne, on attire.