« L’anxiété, c’est une émotion que l’on partage avec plein de mammifères. On n’est pas les seuls à la ressentir ! dit Alexandre Heeren. Un petit rongeur, quand il sort de sa période d’hibernation, une de ses premières réactions est de ressentir de l’anxiété. Il est crispé, prêt à réagir s’il y a un prédateur, une menace potentielle (qui pourrait arriver). C’est la même chose chez nous quand on prépare, par exemple, un examen qui est fort stressant. On est tendu, on a des difficultés à dormir parfois, on a des images à l’esprit, des pensées qui nous disent que l’on va peut-être rater… Cette inquiétude va nous mobiliser, nous amener à agir pour éviter cette ‘menace’ ou ‘catastrophe’. Dans l’éco-anxiété, c’est la même chose, si ce n’est que ce n’est pas un prédateur mais des inquiétudes par rapport à ce que sera le futur de la planète, ce qui va se produire et quand ça va arriver. Quand l’anxiété fonctionne bien, elle nous amène à nous mettre en mouvement pour réduire les risques que la menace apparaisse. »

Et quand l’anxiété ne fonctionne pas bien ?

« Si cela devient un trouble de l’anxiété, ça ne va plus car on reste tout le temps avec des tensions musculaires, de l’inquiétude, et on ne passe plus à l’action, ajoute Alexandre Heeren. Beaucoup de gens ressentent de l’éco-anxiété. Mais pour 12 % de la population, cela devient une souffrance qui se marque par des difficultés à se concentrer, des cauchemars, un repli sur soi.  On a fait des études dans différents pays. Partout, on retrouve cette proportion de 12 % de la population. Peu importe donc le pays, le statut social (la position sociale d’une personne ou d’une famille d’après son salaire, son éducation, son métier…).

Que faire si on ressent cette éco-anxiété de façon trop élevée ? 

« Je pense que manifester est un geste très sain, explique Alexandre Heeren.  On peut aussi faire du jardinage collectif ou d’autres choses concrètes. Les jeunes ont aussi besoin de dialogue avec les adultes à ce sujet. On doit parler de cette anxiété du futur en classe et en famille. Il y a aussi besoin d’entraide. On ne peut pas agir seul uniquement. La coopération doit prendre le dessus. Les enfants doivent être formés à la coopération, et non à la compétition. » 

 L’anxiété est une superbe émotion. Sans elle, les humains ne seraient plus là. Elle est donc très importante et elle naît quand on se demande : qu’est-ce qui va se passer si ça ne va pas comme je veux ? Être éco-anxieux, c’est normal. C’est utile car l’anxiété nous mobilise : on peut appeler quelqu’un, décider seul ou ensemble de changer un comportement… Bref, nous préparer à faire face à des choses importantes pour nous. »

Il y a un décalage entre les adultes et les enfants

Des enfants sentent un décalage entre l’urgence d’agir et les actions menées. Ils voient que les adultes pensent qu’il y a urgence et puis font autrement, en continuant à prendre l’avion ou à produire du plastique.

« Une étude récente anglo-saxonne réalisée auprès d’adolescents révèle que 83 % des adolescents pensent que les adultes contribuent à détruire le monde, explique Alexandre Heeren. Il y a un décalage entre les générations. Les adultes se créent un monde sur base de ce qu’ils ont vécu. Et les jeunes ont un monde différent. »

Le contact avec la nature peut amener de l’apaisement. Si tu es « écoconscient », agis à ton échelle, parle de ce que tu ressens et fais équipe avec d’autres.