Alain Paquet, ornithologue chez Natagora nous l’explique. 

« L’Europe se vide de ses oiseaux migrateurs depuis mi-août. Cela se terminera fin novembre. Mais la partie visible de la migration va culminer mi-octobre. Cela va monter en puissance dans les jours qui viennent. Ce matin, j’ai vu passer les dernières hirondelles. Elles partent vers l’Afrique, elles vont franchir le désert du Sahara. Les grandes bandes d’alouettes mais aussi les grives et les pinsons vont bientôt arriver chez nous. Ces oiseaux viennent de Scandinavie (Finlande, Suède,…), de Pologne, d’Allemagne… Ils vont se poser en Belgique et puis redémarrer le lendemain pour aller au minimum jusqu’au sud de la France et rester de toute façon en Europe, ils ne traverseront pas la mer Méditerranée.»

Les oiseaux migrateurs sont insectivores

Les oiseaux migrateurs doivent donc trouver des endroits riches en insectes. Un endroit? Nos haies.

« Les haies servent à la nidification de nos oiseaux au printemps et sont aussi des hôtels trois étoiles, des haltes migratoires, pour les oiseaux en automne. Ils y trouvent des insectes et des baies. Les zones humides (marais, étangs, zones inondables…) sont aussi vitales pour les oiseaux. » 

Ces oiseaux sont-ils menacés?

Ces oiseaux se nourrissent d’insectes. Or, on sait que le nombre d’insectes diminue. Les oiseaux migrateurs sont donc plus fragilisés que les oiseaux granivores (ceux qui se nourrissent de graines).

Mais Alain Paquet pointe d’autres menaces.

« En Europe, on protège pas mal d’oiseaux. En revanche, quand ceux-ci migrent, ils se font piéger de façon gigantesque dans des pays d’Afrique du Nord. Ils peuvent se faire tuer au fusil au Liban ou en Mauritanie. Les oiseaux sédentaires (ceux qui ne migrent pas) ne courent pas ces risques-là. Il y a aussi tous les obstacles comme les éoliennes, les lignes à haute tension… Dans mon village, un poteau électrique a tué deux cigognes. Les oiseaux migrateurs sont aussi plus impactés (touchés) par le réchauffement climatique. Les hirondelles qui franchissent le désert du Sahara doivent descendre de plus en plus au sud. Car la corne de l’Afrique, est en train de se dessécher. Leur migration est donc de plus en plus longue. Certaines espèces ont même décidé de ne plus franchir le Sahara. Elles hivernent en Méditerranée. Elles doivent s’adapter et c’est quand même un gros stress. »


Peut-on observer soi-même cette migration ? 

BirdLife, la plus grande association de protection des oiseaux au monde, organise depuis 30 ans un comptage simultané (au même moment) des oiseaux partout en Europe. Ce comptage a eu lieu les 1er  et 2 octobre. Il a recensé 4,6 millions d’oiseaux migrateurs dont 116 000 en Belgique. Thomas Meunier/Natagora


« C’est compliqué de suivre cette migration, il faut être guidé par un ornithologue d’une association,comme Natagora par exemple, ou se rendre sur des sites comme l’Aquascope de Virelles ou les marais d’Harchies. C’est une activité passionnante ! », conclut Alain Paquet.

Voilà un pinson des arbres. Un des oiseaux qui migrent actuellement. Olivier Colinet/Natagora