Depuis 2007, tous les cinq ans, la Haute-Meuse est mise en chômage. Cela veut dire qu’on vide une grande partie de ses eaux pour pouvoir réaliser une série de vérifications et de travaux sur les ponts, les écluses, les barrages, les berges (les bords du fleuve)…

Comment vide-t-on l’eau d’un fleuve ?

Sur la portion de la Meuse qui est concernée, il y a neuf barrages. Ces constructions permettent de retenir l’eau et de gérer son niveau en fonction des situations (risques d’inondation, manque d’eau…). Entre sa source et la fin de son parcours, en mer du Nord, la Meuse n’a pas partout le même niveau, la même hauteur. Les écluses permettent aux bateaux de franchir ces sortes de « marches d’escaliers d’eau », ces différences de niveau.
Quand on met la Meuse en chômage, on ouvre petit à petit chacun des barrages, en partant de Namur, pour laisser le niveau de l’eau descendre. En 36 heures, la Meuse retrouve son allure naturelle, comme s’il n’y avait aucun barrage. Par endroits, il n’y a plus d’eau. Ailleurs, le niveau est beaucoup plus bas qu’en temps normal.

ÉdA/N.L.

Et les bateaux ?

La navigation est interdite, donc les bateliers cessent de travailler, pendant toute la durée de mise en chômage, c’est-à-dire trois semaines. Les bateaux ont dû quitter cette portion de la Meuse avant le début de la mise en chômage, le 24 septembre.

Et les poissons ?

Des opérations de sauvetage ont été mises sur pied pour recueillir un maximum de poissons piégés dans les flaques.
Ensuite, pendant qu’on réalise les travaux sur des berges et des ouvrages d’art (ponts, écluses, barrages…), des activités sont organisées ailleurs dans le lit de la Meuse.

Observations et nettoyage

Des grandes opérations de nettoyage permettent à la population d’aller ramasser les déchets qui jonchent le sol, là où l’eau a disparu. En 2017, on avait récolté 6 tonnes de déchets !
Pendant ces trois semaines, des dizaines de classes et de groupes se promènent dans le lit du fleuve et font des découvertes étonnantes.
La Meuse retrouvera son allure normale le 17 octobre.

Les pieds dans le lit… de la Meuse

ÉdA/N.L.

« Regardez autour de vous. Ici, normalement, l’eau arrive au-dessus de nos têtes ! », lance Sylvain Richard, de l’association Contrat de rivière Haute-Meuse.
Les élèves de 6e primaire de l’école communale de Profondeville (Namur) se mettent à explorer. Ils s’exclament : « Des poissons morts ! » Sylvain explique qu’on a essayé d’en sauver un maximum. « Il y a plein de coquillages, mais est-ce qu’il y a des moules ? » Réponse positive !

« Une araignée géante ! »… Sylvain corrige : « C’est une écrevisse. Mais c’est une sorte d’écrevisse venue d’Amérique. On a amené ce type d’écrevisses en Europe pour les élever et les manger, mais quand elles se sont retrouvées dans nos cours d’eau, elles ont pris la place de nos écrevisses indigènes (de chez nous). C’est une espèce invasive. »

Des castors

Sylvain demande ensuite aux élèves de chercher des traces de la présence de castors. Bingo ! Un bois rongé ! «On voit bien les traces des dents ! », s’émerveillent les élèves. « Et là, le trou dans la terre, c’est l’entrée de son terrier ? » C’est bien cela ! L’entrée du nid des castors est normalement sous l’eau, pour que la famille soit protégée de prédateurs comme le renard. Le castor nage, plonge sous l’eau pour entrer dans son nid, puis il remonte, dans son terrier, où il vit au-dessus du niveau de l’eau. On apprend un tas de choses sur les castors, sur le chômage de la Meuse, sur son parcours de sa source jusqu’à la mer du Nord aux Pays-Bas… C’est passionnant !