En plein coeur de Namur, une sorte de match de football se déroule à côté de jeunes qui font des acrobaties. Certains acrobates sont des pros, ça saute aux yeux! Surprise: ils viennent de Guinée, en Afrique. Et ils vont présenter leur spectacle, Yé!, au théâtre.

Candela fait partie de ces artistes de cirque : « On fait du foot et des acrobaties parce qu’il y a des enfants qui aiment jouer au foot. On enchaîne avec les acrobaties ou on mélange les deux. Tu me passes la balle, après tu fais un salto. C’est marrant. On fait ça chez nous aussi. Et puis, on fait des spectacles dans la rue. »

De la rue à la plage… et aux cours

L’idée, en organisant ces activités de foot de cirque… de rue en Guinée, c’est d’aller à la rencontre des jeunes qui vivent ou traînent dans la rue, pour les inviter à rejoindre Circus Baobab.

Richard Djoudi, producteur du spectacle Yé!, explique: « Circus Baobab est un cirque social. C’est à dire qu’on utilise les arts du cirque pour inclure dans la société les jeunes qui vivent dans un quartier archi défavorisé de Conakry. Beaucoup de jeunes sont laissés pour compte, ne vont pas à l’école. On essaie de travailler avec eux. On leur donne des cours d’alphabétisation (lire et écrire) et on les forme à la danse, traditionnelle ou moderne, et aux arts du cirque. On leur apprend les acrobaties aériennes, les pyramides humaines, la contorsion… en ayant une exigence professionnelle. C’est ainsi que les artistes que vous voyez ici ont été formés par nous et sont maintenant des artistes professionnels. D’autres font partie de compagnies de cirque internationales comme le Cirque du Soleil ou travaillent dans un cirque européen. Depuis 1998, je ne sais pas vous dire combien de jeunes on a formés mais il y a toujours 50 à 80 jeunes qui viennent. Des jeunes qui ont 6, 10, 15 ans…, filles et garçons. »

Circus Baobab a un local rudimentaire car la compagnie a peu de moyens. Mais les artistes s’entraînent aussi beaucoup sur la plage ! Richard Djoudi : « Comme ils apprennent sur des sols durs, en rue ou sur la plage, ça leur forge des corps très différents des artistes de cirque européens. Ils ont des corps très puissants, et ça leur donne un spectre d’acrobaties et de plus large. »

Le cirque… africain?

On ne connaît pas vraiment le cirque africain. « Chez nous, explique Candela, le cirque mélange les danses africaines traditionnelles et les arts du cirque. Ici, vous avez beaucoup de matériel, des trapèzes, des trampolines… Nous, on n’a pas ça. On fait des pyramides humaines, de l’acrobatie au sol... »

Richard Djoudi complète: « En Guinée, il y avait une tradition de danse acrobatique qui a permis de bifurquer vers le cirque. La Guinée commence à être reconnue comme une terre de cirque en Afrique de l’Ouest. Et les Guinéens ont essaimé et implanté des graines de cirque dans les pays voisins, au Sénégal, en Côte d’Ivoire… »

Yé ! traite de la question de l’eau

Circus Baobab est en tournée en Europe pour six mois, avec son spectacle Yé!

Les artistes le présenteront au Théâtre de Namur ces 9 et 10 septembre. Ce spectacle parle d’un des sujets qui préoccupent les Guinéens : l’accès à l’eau. En soussou, une langue de Guinée, « yé » veut dire « eau ». Candela explique: « Nous, pour avoir de l’eau, on doit faire parfois 30 ou 40km. C’est pas facile.  » Richard Djoudi confirme: « La Guinée est considérée comme le château d’eau en Afrique de l’Ouest. Mais on a sans cesse des coupures d’eau. »

Les jeunes artistes vont aborder ce sujet avec énergie et talent !

Circus Baoab – Yé ! / TEASER / Création Mars 2022 from Metlili on Vimeo.