Comment naît le cyberharcèlement?

« Quand on utilise son smartphone, que l’on est en contact avec des copains, que l’on discute par exemple sur TikTok, deux choses peuvent conduire à des dérives, explique Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit. La première, c’est l’envie d’exister aux yeux des autres. On publie pas mal de contenus pour dire ce que l’on fait. Et la seconde, ce sont les challenges: es-tu capable de faire ça ou pas ? Et donc, on se met en scène en montrant que « oui » on est capable. Mais la photo publiée peut être récupérée par quelqu’un d’autre, ailleurs, avec des commentaires négatifs. D’autres « amis » qui consultent cette autre publication peuvent faire des commentaires du genre: « Tu as vu comme t’es con sur cette photo! », « Tu as vu ce que tu as foutu ! « , « Oh, il/elle est moche ! », etc. Et c’est à ce moment-là que se met en place le mode du harcèlement, car on continue à publier du contenu pour se préserver, mais ça prend de l’ampleur. Souvent, c’est comme cela que ça se passe. »

Est-ce qu’il y a une augmentation du cyberharcèlement entre enfants ?

« Au premier trimestre 2020, la police fédérale avait reçu 1 773 signalements de cyberharcèlement. Un an plus tard, c’était 2 275 signalements. On ne sait pas combien de ces cyberharcèlements concernent des enfants et tout le monde ne dépose pas plainte à la police. Si l’on est victime de cyberharcèlement, il faut penser à faire des captures d’écrans, à conserver des preuves de ces contenus moqueurs et insultants. Il vaut mieux les sauver et les imprimer (donc en version papier) pour les avoir avec soi quand on se rendra au commissariat pour déposer plainte. La personne qui vous recevra aura ainsi une idée de la situation et décidera alors si elle transfère ou pas ces éléments au magistrat qui décidera de la suite (enquête..). »

Comment se protéger du cyberharcèlement ?

« Il faut être extrêmement prudent avec les informations que l’on renseigne sur soi quand on est sur Internet. Car, généralement, je mets mon nom, mon prénom, ma date de naissance et on sait où j’habite, explique Olivier Bogaert. Peut-être vaut-il mieux utiliser un pseudo ? Mais surtout, mieux vaut ne pas parler en ligne de ce qui me passionne, de mes habitudes, de mes centres d’intérêt… Car, en fonction de ce que je publie, je peux être la cible de commentaires et, puis, je peux tomber dans le piège de quelqu’un qui me contacte en disant: « Tu es tellement sympa que j’ai envie de faire connaissance avec toi! » Cette personne pourrait exiger, en jouant sur l’intimité de cette relation, la publication de photos un peu plus intimes. Si cela arrive, que la personne veut vous rencontrer, alors il faut la voir dans la vie réelle: « Si tu es à l’école, on peut se voir là-bas, durant la récré, et on en discute en vrai, pas uniquement en ligne. »

Tu trouveras ici aussi des outils pour te protéger. Tu y verras le conseil important qui dit qu’il faut en parler à des gens en qui tu as confiance: tes parents, un prof, des adultes, des vrais amis, et qu’il y a moyen d’agir. Tu peux signaler le cyberharceleur à la police, au réseau social, supprimer ton compte, signaler le cyberharceleur au fournisseur de service Internet (en général les fournisseurs décident de fermer le compte de ceux qui se servent de leurs services à des fins abusives), etc.
Tu sais qu’il existe aussi la ligne d’écoute 103 (Service Écoute-Enfant) ou le 107 (service d’écoute) pour cela .