Monsieur Vandurme est enseignant en primaire. Depuis deux ans, il s’occupe de la classe DASPA, le « Dispositif d’Accueil et de Scolarisation des Primo-Arrivants » à l’Athénée Royal de Jambes (Namur).

Dans cette classe toute particulière se mélangent des enfants de tous âges, venus de divers pays. Leur point commun  ? Ils ne parlaient pas le français en arrivant en Belgique. Ou très peu. Et ils viennent tous du centre pour demandeurs d’asile (qui veulent obtenir la protection de la Belgique et des papiers pour y vivre) de la Croix-Rouge, à Jambes.

De l’entraide et Internet

Le rôle du professeur est de leur apprendre le français afin qu’ils puissent poursuivre leur parcours scolaire dans l’année qui correspond à leur niveau d’apprentissage. S’ils ont la possibilité de rester dans le pays… Car, étant demandeurs d’asile, ces enfants et leurs familles ne sont pas sûrs de pouvoir poser définitivement leurs valises en Belgique. Ils peuvent, sur décision des autorités, recevoir un ordre de quitter le territoire et être contraints de retourner dans leur pays d’origine.
Cet apprentissage du français se fait par les jeux, les vidéos… Il y a maintenant plein de ressources sur Internet ! Heureusement, car Monsieur Vandurme n’a pas reçu d’outils spécialement conçus pour les primo-arrivants. C’est à lui de trouver des solutions pour accompagner au mieux ses élèves. Et ce n’est pas toujours facile quand on ne parle pas la même langue ! Il connaît un peu l’anglais et pour le reste, il y a Google Traduction. Puis, les élèves s’entraident car certains parlent la ou les même(s) langue(s) et peuvent traduire pour les uns et les autres.

La crainte de partir

Les élèves restent environ un an en classe DASPA. Lorsque les bases sont acquises, ils suivent également des cours avec les autres élèves de l’école. Puis, quand ils maîtrisent le français, ils quittent la classe DASPA.


Yasmina, 11 ans est originaire de Tchétchénie. Avec ses parents, ses deux frères et sa sœur, elle est venue en Belgique, dans l’espoir d’avoir une vie meilleure. Elle ne connaissait que très peu de mots en français mais un an plus tard, elle s’exprime déjà très bien. Elle sait aussi lire et écrire. Même si son pays lui manque parfois, surtout parce qu’elle y a encore une partie de sa famille, elle a peur de quitter la Belgique. « J’ai déjà bien appris le français, je n’ai pas du tout envie de partir. Avant, j’étais en Allemagne et j’avais appris la langue, j’étais très triste de quitter ce pays. Mais c’est difficile d’avoir des papiers. »


Sami, Rozin et Rawan, eux, viennent de Syrie. Cela fait un peu plus de cinq mois qu’ils sont en Belgique. Avant, ils étaient en Libye. Sami nous apprend d’ailleurs d’emblée comment dire bonjour en arabe et reconnaît qu’il ne parle pas encore beaucoup en français, même s’il comprend presque tout ce qu’on dit. « C’est dur d’apprendre le français. »
Il y a aussi Ahlam, 8 ans, venue de Somalie, avec sa maman, son frère et sa sœur, pour fuir la guerre. Avant d’arriver dans le centre de Jambes, ils étaient à Liège, mais ils ont été évacués suite aux graves inondations de l’été dernier. Ils viennent de recevoir une réponse positive à leur demande d’asile. Ils vont donc se mettre à chercher une maison. Ce qui réjouit la petite fille. « Je me suis fait des amis ici, ils sont gentils. » ■