L’hortithérapie a germé en Amérique du Nord avant de se disperser doucement ailleurs. Elle est arrivée dans un jardin belge, le Jardin Animé, à Wépion (Namur).
Nous y retrouvons Anne-Claire Orban, qui reçoit des élèves d’une école d’enseignement spécialisé. Les jeunes ont des déficiences physiques et/ou mentales. Et les voilà en train de courir à la recherche de feuilles qui ont des textures différentes ou sur les traces de la présence d’un animal. Puis, ils tentent de faire des sons avec des éléments naturels. Ils courent, observent, sentent, touchent, écoutent… et semblent heureux d’être là.


« Je varie les activités en fonction des groupes, explique Anne-Claire. Il y a des classes d’enfants ou d’adolescents qui viennent une seule fois, mais je reçois aussi des enfants et des adultes qui viennent chaque semaine, tous les quinze jours ou 2-3 fois par an. »

Une seule fois ou régulièrement

Ceux qui viennent régulièrement connaissent l’immense jardin et peuvent parfois s’occuper d’un espace, d’une tâche… « Les demandeurs d’asile veulent se rendre utiles. Avec eux, on cultive. » Venir ici les aide à avoir un moment de détente, de sérénité. C’est une bouffée d’oxygène qui les aide à tenir le coup dans une période chargée de stress, d’inquiétudes et de souvenirs douloureux.
« Avec certaines personnes porteuses de handicap, on va faire de l’éveil des sens : toucher, sentir, écouter, observer… Mais ceux qui viennent régulièrement peuvent aussi nettoyer le poulailler, par exemple. »

À quoi ça sert ?

« Le Jardin Animé a différents objectifs, explique Anne-Claire. Apporter du bien-être, des connaissances sur la nature, permettre des interactions entre les personnes (qu’elles communiquent et agissent ensemble), développer la confiance en soi et apprendre à prendre sa place dans un groupe, avoir du plaisir et s’amuser, savoir être dans la nature, développer le respect de la nature, de soi et des autres… En fait, ici, on fait de l’hortithérapie, de l’éducation relative à l’environnement et de l’inclusion sociale (que chacun prenne sa place dans la société). Les trois sont liées, pour moi. »


Les visiteurs du jardin peuvent être malades ou bien portants. Certaines personnes arrivent ici fermées sur elles-mêmes, silencieuses, et finissent par sourire et parler. Des gens abîmés par ce qu’ils vivent n’ont plus d’énergie, de confiance en eux, de joie de vivre. Venir ici peut leur faire beaucoup de bien. Entre les prairies, les cultures de fruits et de légumes, le poulailler, la forêt, la prairie des moutons et des ânes et les vergers, Anne-Claire peut toujours trouver ce qui convient à ses visiteurs, ce qui répond au mieux à leurs besoins.

Différentes formules

L’hortithérapie est menée différemment selon les endroits. Anne-Claire : « Parfois, c’est juste marcher dans la forêt ou le jardin. Ou bien, c’est du repos. Mais on peut aussi avoir les mains dans la terre et travailler. Ici, on fait un peu de tout. »
Des hôpitaux et des résidences pour personnes âgées ou porteuses de handicap aménagent un jardin qui apporte de la vie grâce aux odeurs, aux couleurs, aux bruits, aux changements de saison… Chez les personnes dont la mémoire s’efface, le jardin peut réveiller des souvenirs. Il peut aussi améliorer le sommeil et l’appétit des malades. Un(e) hortithérapeute veillera à créer et utiliser ce jardin au mieux pour chacun.