C’est un silence presque parfait qui règne dans la classe des cinquième et sixième primaire de l’école Sainte-Marie de Suarlée (Namur). Seul le bruit des stylos et autres bics, grattant à toute vitesse les feuilles de papier, vient perturber ce calme. Les 21 élèves de Monsieur Modave sont concentrés, pendus aux lèvres de Liliane Balfroid, invitée de marque venue spécialement dans leur classe pour leur réciter deux de ses célèbres dictées.

« Quoi de plus ordinaire qu’un bol ? Vide, il n’a pas beaucoup d’intérêt ». Liliane Balfroid dicte, doucement, ponctuation comprise, les phrases de son texte. Certains enfants relèvent la tête par moments, s’interrogeant sur l’orthographe de l’un ou l’autre mot. Pour Anaïs, ce qui est compliqué, « ce sont les mots qu’on n’a pas l’habitude d’écrire ». Et pour éviter les fautes, elle a sa propre astuce ! « J’essaie de me demander quelle est la façon la plus logique d’écrire le mot », confie l’élève de 11 ans. De son côté, sa camarade Marie fait très attention à la construction des phrases, « pour ne pas se faire piéger sur l’accord des noms et des déterminants. »

La grammaire et l’orthographe de ses dictées réservent quelques surprises aux élèves, mais Liliane Balfroid n’hésite pas les aider. Le mot « hostile » est difficile à écrire. « Hostile ? Ça s’écrit avec un « H » ! HOstile, HOstile », souffle-t-elle avec humour. « Elle est gentille madame Balfroid », fait remarquer monsieur Modave, « mais elle ne soufflera pas les réponses lors de la finale » !

« Ça a été ? », lance à la classe le professeur à la fin de la deuxième dictée. Certains disent oui, d’autres ont trouvé l’exercice moins évident. « Certains mots étaient compliqués », commente Marie. « Le plus facile ? C’était la ponctuation », estime Anaïs.

En route vers la finale

Si les élèves de cinquième font l’exercice « pour du beurre », les sixième intéressés vivent un test grandeur nature. Le 7 mai, trois des dix élèves de sixième de monsieur Modave participeront à la finale de la dictée du Balfroid. Pierrot voudrait faire partie des trois enfants sélectionnés par son professeur. « Je suis fort en dictée. Tous les soirs, je lis », dit-il. Nul doute que l’élève de 11 ans sera bien préparé en cas de participation. « Mes parents m’inventent des dictées. Si je suis sélectionné, j’en ferai tous les jours ! »

La dictée du Balfroid est un concours d’orthographe de la langue française reconnu en Belgique. Cette année, 400 élèves de sixième primaire s’affronteront à Namur. L’objectif est d’être celui qui fera le moins de faute lors de la dictée récitée par Liliane Balfroid en personne. En cas d’ex æquo (deux enfants obtenant le même résultat), madame Balfroid aura alors recours à une liste de dix mots « compliqués » que les candidats devront correctement orthographier. On souhaite déjà bonne chance aux élèves de monsieur Modave !

La dictée, un exercice important

Liliane Balfroid considère la dictée comme un exercice « de plus en plus important, car les enfants font plus de fautes par rapport à avant », explique-t-elle.

La grammaire et la conjugaison sont les deux grands piliers de ses dictées. « C’est essentiel pour se faire comprendre par écrit. On ne parle pas comme on écrit », fait remarquer madame Balfroid. « Et puis, la dictée a l’avantage d’entretenir également notre mémoire pour le vocabulaire, même si ce n’est pas là le plus important. C’est pourquoi je ne mets qu’un ou deux mots difficiles par dictée », confie Liliane Balfroid.

L’analyse des phrases est également très importante, fait-elle remarquer. « Il faut analyser, comprendre les phrases. Si on ne comprend pas, alors on va écrire n’importe quoi. L’analyse est sans doute LA chose la plus importante dans une dictée. »

Comment améliorer l’orthographe des élèves ? « Il faudrait dicter une phrase chaque jour aux enfants, en relevant et en expliquant les erreurs à la fin. On serait gagnant en fonctionnant ainsi », conseille Liliane Balfroid.

« Le temps des cartes postales »

Envie de t’essayer à la dictée du Balfroid ? Voici, en vidéo, la première des deux dictées réalisées par les élèves de monsieur Modave. La deuxième dictée sera, quant à elle, disponible sur notre site ce jeudi 21 avril.

Arriveras-tu à faire zéro faute ? Pour repérer tes éventuelles erreurs, un correctif se trouve juste en dessous de cette vidéo. Évidemment, ne triche pas, et attend d’avoir fait l’exercice avant de le regarder !

Correctif

On dit qu’avec les nouveaux moyens technologiques, les cartes postales sont inutiles. En ce qui me concerne, celles que j’ai reçues m’ont fait le plus grand plaisir. C’est un témoignage d’amitié ou d’affection qui reste.

D’autre part, si ces cartes étaient aussi démodées, pourquoi y en aurait-il autant à l’éventaire des librairies ? Certains se disent hostiles à ce genre de correspondance. Ils préfèrent téléphoner ou envoyer un message. Ne dit-on pas que les paroles s’envolent et que les écrits restent ?

Je pense que ce courrier marquera encore longtemps les événements (évènements) de notre vie: les fêtes, les anniversaires et bien d’autres circonstances. Ne boudons pas notre plaisir.