Xavier, Benoît et Yannick ne passent pas inaperçus, dans les rues d’Arlon, quand ils sortent avec les chasubles fluo et les engins de leur association, Cheveux au vent.
Xavier conduit une sorte de tandem original. Lina s’est invitée à l’avant et elle pédale avec lui.
Benoît pilote un chat (« tchat »), qui rappelle le pousse-pousse : devant lui, une banquette peut accueillir deux passagers. Guy y est assis avec nous.
Enfin, Yannick, elle, est en fun2go : elle pédale et conduit côté gauche, et a un passager à sa droite, qui tient le guidon et pédale s’il le souhaite : Aloïs, 90 ans.
Prendre l’air et tisser des liens
Aloïs, Guy et Lina vivent à Ville-en-Pré, une résidence pour personnes âgées. Les membres actifs et sportifs de Cheveux au vent y viennent tous les vendredis avec leurs engins. « Je réserve tous les vendredis après-midi pour eux, explique Guy. On ne pouvait pas sortir, avec le covid, on était embêtés. Mais avec eux, on pouvait aller promener. » Guy est bavard, souriant, il aime plaisanter. Il explique qu’on peut faire des petites balades ou aller bien plus loin. La semaine dernière, Yannick a pris le temps d’aller avec lui dans son ancien village, et de se rendre sur la tombe de son épouse. Monsieur Anizet, qui vient de prendre la place de Guy pour un nouveau tour, nous montre soudain son ancienne maison, près de la Semois. « Avec ces vélos, on se promène, on a le temps de regarder à gauche et à droite. En voiture, ça va trop vite, à pied, on va moins loin. Et ici, l’avantage, c’est qu’on ne doit pas pédaler ! », nous dit-il en riant.
Le plaisir est multiple : sortir et se promener à vélo même si on n’a plus les capacités physiques de rouler seul, prendre l’air et le soleil, se changer les idées, revoir le quartier ou les rues où on a vécu, et partager un moment avec d’autres personnes.
Pour les personnes seules
Ces sorties, Cheveux au vent les propose à plusieurs institutions (maisons de repos, centres pour personnes porteuses de handicap…).
Mais les membres de l’association offrent également leurs services à des personnes seules ou à des familles. Yannick nous raconte : « Un papa nous emprunte régulièrement un vélo pour emmener son fils handicapé. Une dame promène aussi de temps en temps sa maman qui est âgée. On a aussi permis des sorties à un jeune qui était blessé pour de longs mois. Il y a une femme seule, âgée, qui voulait sortir mais n’avait personne, alors quelqu’un de Cheveux au vent l’accompagne. Donc, on peut répondre à une demande de prêt, ou aller chercher quelqu’un. Nos services ne s’adressent pas qu’aux institutions ! »
Et nous voilà, glacés par le vent mais heureux d’avoir pris le soleil, revenus au point de départ. Guy annonce : « On va jouer aux cartes ! »
